Tribune rédigée par Philippe Leduc, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé.
Aujourd’hui, il faut augmenter le nombre de lits de réanimation pour faire face à la 3 ème vague Covid. Et ceci d’autant plus que, comme le fait remarquer la Cour des comptes*, ceux-ci « ont conditionné, non seulement le fonctionnement des systèmes de santé, mais aussi la vie économique et la vie sociale dans leur ensemble, et même les libertés publiques ». Et aussi parce que les déprogrammations des soins non urgents dès le 12 mars 2020 auront des conséquences délétères pour la santé.

Mais demain ?
Faut-il sanctuariser en grand nombre les lits de réa, forcément au détriment d’autres besoins. Faut-il comme le préconise la Cour* les augmenter en fonction du vieillissement de la population, ce qui n’a pas été le cas dans le passé.
Entre 2013 et 2019 les lits de réa ont progressé de 0,17 %, soit dix fois moins que les effectifs de personnes âgées (+ 1,7 % par an), qui constituent pourtant près des deux tiers des malades hospitalisés en réanimation.
Ne faudrait-il pas plutôt carrément changer de paradigme et affirmer avec Franck Chauvin, Président du HCSP**, que pour alléger la pression en réa comme dans l’ensemble du système de soins, il faut diminuer le nombre de malades. Cela a l’air d’une lapalissade mais c’est essentiel.
En Suède, une espérance de vie en bonne santé à 65 ans supérieure à cinq ans
En Suède, grâce à une politique volontariste, l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans (15,5 ans) est supérieure de cinq ans à celle de la France (10,6 ans). La part de l’espérance de vie à 65 ans en bonne santé atteint 78% en Suède contre 46% dans l’hexagone. Le repérage systématique et organisé des fragilités chez les plus de 75 ans est en particulier une source majeure d’allègement des contraintes.
C’est possible. Á une condition. La prévention et la capacité d’augmenter rapidement les lits de réa avec les soignants mobilisables imposent une augmentation notable des ressources pour la santé.
Ce qui implique comme le suggère Dominique Libault, Président du HCFiPS***, de traiter la dette Covid de la Sécu (75 Md€) comme la dette Covid de l’État (140 Md€), c’est-à-dire sur le très long terme, pour consacrer tout ou partie des recettes de la CADES (18 Md€ par an) à la santé.
*La Cour des comptes. Rapport public annuel. Tome 1 page 149 à 174 : « Réanimation et soins critiques en général : un modèle à repenser après la crise. »
**Haut Conseil de santé publique.
***Haut Conseil du financement de la protection sociale
Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé
Lire les précédentes tribunes de Philippe Leduc parues sur la Veille :
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