Tribune rédigée par Philippe Leduc, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé.
En France, on soigne. Mais on ne prévient pas. Pas assez. Illogique. Ce constat est ancien. Et semble tellement ancré que les solutions semblent inaccessibles. Le rôle des médecins généralistes vient d’être scruté* . Insuffisant aujourd’hui, il pourrait être capital. Si jamais on s’en donnait les moyens.

Un médecin généraliste sur cinq seulement déclare « avoir contribué au cours des deux dernières années à l’organisation d’actions de prévention collective auprès de groupe de population cible ». Moins d’un tiers des généralistes disent avoir participé ou vouloir participer au dispositif « Mois sans tabac« .
Certes, 83% indiquent disposer dans leur cabinet de messages et d’outils de prévention mais seulement 41% proposent des auto-questionnaires à visée préventive destinés à faciliter les échanges avec leurs patients.
Les consultations complexes dédiées à la prévention avec une cotation spécifique ne remportent guère plus de succès. Pour les enfants en risque avéré d’obésité, 17% les ont utilisées au cours des six derniers mois. 30% concernant celles pour la contraception et la prévention des maladies sexuellement transmissibles des jeunes filles. D’ailleurs 42% considèrent que la création de consultations spécifiques dédiées à la prévention ne leur permettrait pas d’y consacrer plus de temps.
En outre, moins de la moitié considèrent que rémunération forfaitaire (ROSP**) qui a introduit la prévention dans ses objectifs en 2016 les conduit à une pratique de prévention.
Assurément la méthode n’est pas la bonne
Alors, peine perdue ? Ce travail de la DREES est-il l’aveu que la solution n’est pas là. Certes non, mais assurément la méthode n’est pas la bonne. Les missions de prévention font bien partie intégrante de la pratique des médecins généralistes dans un cadre individuel ou collectif. Au cours de leurs 200 millions de consultations chaque année. Tout en sachant que la prévention est multifactorielle et doit associer l’ensemble des professionnels de santé.
Mais faudrait-il encore que ces missions soient franchement valorisées par les enseignants en Faculté, intégrées automatiquement dans tous les outils numériques et débattues par les praticiens eux-mêmes. La crise sanitaire est là aussi une opportunité.
**ROSP : Rémunération sur objectifs de santé publique
Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé
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