Tribune rédigée par Philippe Leduc, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé.
La côte d’alerte a été submergée par la crise sanitaire. Les digues ont été rompues. Les fragilités de la santé mentale et par là-même de la psychiatrie sont devenues des gouffres. Les déclarations et les intentions se multiplient, de même que les initiatives. Mais cela ne suffit pas, loin de là. Un choc s’impose.

Les professionnels, les associations de patients, le Sénat, l’Assemblée nationale alertent depuis des années. Les rapports s’accumulent. Les pouvoirs publics ne sont pas restés cois. La feuille de route d’Agnès Buzyn, en 2018, avait le mérite d’authentifier la gravité de la situation et de proposer toute une série de mesures globalement bien accueillies.
Mais cela n’a pas suffi à inverser la tendance.
Aujourd’hui le ministre de la Santé appelle à une « refondation« , le Président de la République veut des « Assises de la psychiatrie avant l’été« , la Cour des comptes réclame « une graduation des soins, la traçabilité du travail pluridisciplinaire et une obligation de coordination au sein des établissements » et aussi « le remboursement par l’Assurance maladie des psychothérapies », le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie se débat avec les retards de la feuille de route, la nouvelle commission psychiatrie va « traiter les sujets les plus urgents », indique le ministère…
Beaucoup d’injonctions et de déclarations, depuis longtemps, mais des résultats qui tardent à venir.
Information, repérage précoce, accès aux soins
Or les enjeux sont immenses : l’implication et l’information du grand public, la prévention et le repérage précoce, l’accès aux soins, les inégalités sociales et territoriales, le renforcement des CMP et du rôle des médecins généralistes, les équipes mobiles, la réforme de l’isolement-contention insuffisamment accompagnée, la précarité de la recherche, l’adaptation du financement retardé, etc.
Le débat le 4 mars à l’Assemblée nationale de la Commission des Affaires sociales avec des professionnels de santé était édifiant.
Ce n’est pas en avançant en ordre dispersé que la santé mentale et les conditions d’exercice de la psychiatrie vont s’améliorer. Il faut un choc, une incarnation, une responsabilisation nouvelle et forte. Un vrai projet présidentiel : la création de l’Institut de la santé mentale et de la psychiatrie, à la manière de l’Inca pour le cancer, car c’est de cela qu’il s’agit, un mal qui mine toute la société.
Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé
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- Covid-19 : « le renouveau du parcours de soins en jeu »
- Covid-19 : « le Covid-19 aura-t-il raison du financement bancal de la Sécu ? »
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