Tribune rédigée par Philippe Leduc, médecin et journaliste santé, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé, groupe Les Echos.
L’objectif-clé du prochain quinquennat sera de réconcilier la « technostructure » et les « producteurs de soins ». Car celui-ci conditionne tous les autres. Mais comment combler ce fossé, sortir de ce faux débat et de ces postures paralysantes ?
Le système de soins et de santé est cloisonné et cela n’est point là l’un de ses moindres défauts. Mais le cloisonnement le plus handicapant est assurément celui entre l’administration et les régulateurs d’un côté et les professionnels de santé de l’autre.
Suradministration, inertie et corporatisme

Les lacunes du système de santé sont bien connues mais les solutions avancées butent sur une sorte d’incompréhension entre, pourrait-on dire, le haut et le bas. Pourtant la « technostructure », terme péjoratif utilisé par les professionnels de santé, n’a pas toujours tort et les « producteurs de santé » se désolant d’être incompris et non écoutés n’ont pas toujours raison. Et inversement !
Mais chacun reste dans son couloir fustigeant soit la suradministration, soit l’inertie et le corporatisme selon le côté où l’on se trouve. Même si au cours des dernières années d’indéniables progrès ont tout de même été obtenus. Mais trop lentement.
Sortir de ce jeu de rôle
Pour sortir de cet état de fait, à un moment où le système craque de partout et ainsi réconcilier l’État et l’hôpital, l’Assurance maladie et les libéraux et globalement l’administration et les professionnels de santé, une seule solution : déplacer le problème.
En identifiant de manière forte, concrète et partagée par une haute autorité indépendante les objectifs à atteindre lors du quinquennat. Et ainsi autour d’objectifs ambitieux forcer les autorités et les professionnels de santé à s’entendre devant l’opinion publique et le Parlement en impliquant les collectivités territoriales. La stratégie nationale de santé désormais tous les cinq ans est plus un exercice de style qu’une feuille de route, verrouillée par l’exécutif.
Quelle autorité indépendante : pourquoi pas la Haute Autorité de santé dont l’un des métiers est de donner des avis. Il est temps de sortir de ce jeu de rôle.
Le candidat qui saura être convaincant sur une telle organisation marquera des points.
Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé.
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