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Tribunes - 3 novembre 2021

Élysée 2022 : la bataille AMO-AMC aura bien lieu (Tribune)

Tribune Philippe Leduc_Élysée 2022 - la bataille AMO-AMC aura bien lieu_Site

Tribune rédigée par Philippe Leduc, médecin et journaliste santé, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé, groupe Les Echos.

Cela couvait depuis longtemps. L’articulation entre l’assurance maladie obligatoire (AMO) et les assurances maladie complémentaires (AMC) sera l’un des enjeux majeurs des prochaines élections. Car il ne s’agit de rien de moins que de l’avenir de la santé de chacun via les moyens octroyés à celle-ci. A un moment où les besoins sont immenses et l’argent rare. Mais le débat qui se déploie aujourd’hui n’est pas à la hauteur du défi.

Dr Philippe Leduc, médecin, journaliste santé et auteur du blog Think Tank Economie santé, groupe Les Echos.
Dr Philippe Leduc, médecin, journaliste santé et auteur du blog Think Tank Economie santé, groupe Les Echos.

Le double financement du système de santé, d’une telle ampleur, est une spécificité française. L’assurance maladie est largement majoritaire (79,8%). Le Covid a renforcé sa part. L’assurance privée est l’une des plus importante au monde (12,3%).

Les avantages sont bien connus. Le reste à charge moyen est minime (6,5%). Les inconvénients aussi. Double frais de gestion pour une même prestation, de l’ordre de 7 milliards pour chacun des deux systèmes, ce qui fait beaucoup au total. Les inégalités persistent. Les vieux, étudiants et chômeurs sont moins bien couverts.

Si bien que, de longue date et régulièrement, des voix d’experts ou de politiques appellent à une réforme de fonds.

Le tempo aujourd’hui s’accélère avec le rapport du HCAAM de janvier et celui attendu pour fin novembre à la demande d’Olivier Véran pour préciser les conséquences des scénarios évoqués. Sachant que le statu quo n’est pas une option. La Cour des comptes a aussi récemment rappelé que le système actuel était « très protecteur mais peu efficient. »

Pas de statu quo

Une réforme donc s’impose. L’idée d’une « grande Sécu » fait son chemin. Mais nul doute qu’un tel chambardement qui peut être destructeur pour les complémentaires santé ne pourra se faire par une simple décision administrative à quelques mois des élections. Les Mutuelles rappelant qu’une grande Sécu butera toujours sur les dépassements d’honoraires … et donc la rémunération des professionnels de santé et qu’il faudrait mieux combler les trous dans la raquette que de tout chambouler.

D’autres insistent, toujours du côté des AMC, sur la nécessité de réserver un espace de liberté aux citoyens face à l’État.

Efficacité, suppression des rentes et attractivité des métiers

En fait, le débat engagé doit aller plus loin. Il est l’occasion d’élargir les perspectives du financement de la santé qui est aujourd’hui inadapté et insuffisant. L’empilement des petites mesures et des rafistolages au cours des années rend le système d’une rare complexité et peu compréhensible.

Le temps est venu d’associer les citoyens en rendant lisible les enjeux, quitte à les simplifier. La pandémie a montré la fragilité du système de santé et a suscité un vent de renouveau. On attend désormais des futurs candidats une vision du financement alliant efficacité, suppression des rentes et attractivité des métiers de la santé.

Chaque jour apporte son lot désolant de lacunes et carences. Une occasion à ne pas manquer.

Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé.

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