Points de vue

Tribunes - 7 février 2022

Quelle protection sociale pour la France ? (Tribune)

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Tribune rédigée par Philippe Leduc, médecin et journaliste santé, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé, groupe Les Echos.

La Protection sociale est un sujet politique. Mais le débat est inexistant ou simpliste. Alors qu’il est essentiel, individuel et collectif, surtout en ces temps de crise sanitaire, économique, sociale et sociétale. Trop de dépenses publiques pour les uns, ce qui entrave la compétitivité. Pas assez pour les autres, la pandémie en est la preuve. On en reste trop souvent là, sans vision ni argumentation convaincante.

La France est le pays qui consacre les efforts les plus importants pour sa protection sociale, 31% de sa richesse devant la Belgique, la Finlande et le Danemark. Les ressources pour la protection sociale s’élèvent à 823 Md€ en 2019. Les prestations sociales, en espèces ou en nature, à 763 Md€.

Les deux premiers « risques » représentent 80,5% des prestations. Ce sont le risque « vieillesse-survie » (45,4%) et le risque « santé » (35,1%). On voit d’entrée de jeu la difficulté de vouloir réduire ces deux postes. Et les suivants aussi d’ailleurs : le risque « famille » (7,4% des prestations), « emploi » (6,1%), « pauvreté-exclusion sociale » (3,8%) et logement (2,2%).

Du conceptuel au réel

Dr Philippe Leduc, médecin, journaliste santé et auteur du blog Think Tank Economie santé, groupe Les Echos.
Dr Philippe Leduc, médecin, journaliste santé et auteur du blog Think Tank Economie santé, groupe Les Echos.

L’opinion des Français est à cet égard étonnement instructive. Elle témoigne à la fois du discours ambiant réducteur et de la réalité. Dans un sondage Elabe d’avant crise Covid* pour Les Échos, les Français, reprennent l’antienne pour 79% d’entre eux selon laquelle il est urgent de réduire la dette publique, ce qui passe pour 84% d’entre eux avant tout par la réduction de la dépense publique.

Mais quand on sort du conceptuel et que sont abordés les thèmes concrets, le discours s’inverse. L’effort est jugé insuffisant pour la santé (66%), l’emploi (61%), l’éducation (58%), la sécurité (53%), le logement (49%).

L’impact du financement sur l’organisation

L’Assurance maladie se distingue en matière de financement au sein de la Protection sociale. Cette dernière globalement est financée par les cotisations sociales (55%), les impôts et taxes (30%, 15,4% par les CSG). A l’inverse, la Santé est financée en premier par la CSG (33,6%), les autres impôts et taxes (28,4%) et les cotisations sociales (33,7%). La « maladie » pèse donc moins sur le travail.

Est-ce la bonne voie ? Faut-il accentuer la transition du modèle Bismarckien (assuranciel, cotisations sur le travail) vers le système Beveridge (gestion étatique financée par l’impôt) avec toutes les conséquences qui en découlent en termes de gouvernance, organisation et régulation ?

L’État-providence est remis en cause depuis cinquante ans. Il est temps, à la lumière de cette période inédite, de le réinventer pour l’améliorer et non pas le fragiliser. Pour être plus efficace et réduire les inégalités encore fortes en France.

La protection sociale de Gilles Nezosi dont la 2ème édition vient de paraitre est document étonnant par sa qualité pédagogique, passionnant et très utile, alliant l’érudition et la clarté du propos, pour mieux comprendre et donc débattre.

Lire la tribune sur le blog du Think Tank Economie Santé


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