Points de vue

La Veille sur BFM Business - 2 février 2022

Le grand jour pour « Mon espace santé » (Chronique)

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Chronique de Renaud Degas, journaliste et directeur de La Veille Acteurs de Santé, sur le plateau de l’émission Check-up santé, animée par Fabien Guez et diffusée le 29 janvier 2022 sur BFM Business.

Sommes-nous à un moment crucial de la digitalisation de notre système de santé ? La question est de savoir si, dans un an, les Français auront adopté ou non « Mon espace santé », l’espace numérique santé officiel lancé en ce moment par le gouvernement.

Check up santé reçoit toutes les semaines des entrepreneurs de la santé qui ont investi depuis longtemps l’espace numérique. Du côté de l’État, en revanche, nous sommes très en retard et les bonnes volontés ont été refroidies par les nombreux échecs du DMP, le dossier médical partagé que la France essaie de mettre sur pied en vain depuis 2004.

Or, aujourd’hui, nous entrons dans le money time pour le ministère de la Santé, et plus particulièrement pour la Délégation ministérielle au numérique en Santé (DNS) qui est en charge de piloter le lancement de mon « Mon espace santé » avec l’Agence du numérique en santé (ANS) et l’Assurance maladie qui en est l’opérateur. Elles espèrent faire oublier définitivement les ratés du passé et offrir à chaque Français un espace numérique sécurisé qui lui permettra de gérer sa santé.

Une complémentarité entre Ameli.fr et Mon espace santé

Même s’il faudra le vérifier à l’usage, le compte Ameli.fr et Mon espace santé sont a priori deux services numériques complémentaires : le compte Améli permet de gérer ses relations avec l’Assurance maladie et les remboursements. C’est un peu un compte administratif, comme on peut en avoir avec sa mutuelle.

« Mon espace santé », lui, concerne tout ce qui touche à sa santé : on doit y retrouver l’équivalent de son dossier médical personnel. On pourra y dialoguer en toute sécurité avec son médecin et ses autres professionnels de santé. On devrait également y disposer dans quelques temps de son dossier vaccinal et il sera possible de se programmer des alertes pour ses rappels. Cet espace doit aussi donner accès à des applications que l’on est libre d’utiliser ou non selon ses pathologies ou ses préoccupations.

Mon espace santé fera-t-il oublier le fiasco du DMP ?

D’abord donnons sa chance au produit. D’autre part, le pilote du chantier est Dominique Pon. C’est un acteur de santé de terrain (Directeur de la clinique Pasteur à Toulouse) qui a choisi de développer une approche pragmatique. Cela fait trois ans qu’il sillonne la France, avec son équipe et celle de l’ANS (Agence du numérique en Santé), et multiplie les rencontres avec les professionnels de santé et les patients. Il explique sa démarche et a impliqué de nombreux professionnels de terrain dans les groupes de travail qui ont conçu cet espace de santé.

Il y a donc un espoir que cela fonctionne. On verra assez vite s’il y a l’adhésion des patients et des professionnels à ce nouveau service.

Les espoirs d’un service public numérique de santé

En tout cas je suis de ceux qui espère que cela va marcher. Car je pense que si « Mon espace Santé » se plante, c’en sera terminé des espoirs d’un service public numérique de santé. Google et consorts seront ravis de se substituer à l’État.

Or, à terme, je pense que ce n’est absolument pas raisonnable, pour chacun d’entre nous, de confier ses données personnelles les plus intimes à un Gafam soumis aux lois d’un autre pays que le nôtre. On ne peut pas polémiquer sur l’hébergement du Health Data Hub et ne pas jouer le jeu d’un service sécurisé par l’État.

Et outre les enjeux de souveraineté et de sécurité de nos données, il s’agit d’un réel enjeu industriel pour la France. Il est important d’avoir des projets phares qui permettent de mobiliser les énergies et construire nos propres ressources et savoir-faire. Sans parler de la valeur intrinsèque de ces données.

🎥 La chronique de Renaud Degas est disponible en replay (à 15’26)

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