Tribune rédigée par Philippe Leduc, initialement publiée sur le blog du Think Tank Economie Santé.
Mal nommés, mal compris et mal acceptés, les soins primaires ont frayé leur chemin en France depuis une vingtaine d’années, avec en particulier la création du « médecin traitant » en 2004. Dans un petit opuscule passionnant et érudit, l’histoire de ce mouvement et ses enjeux sont analysés dans toute leur complexité.
Comment un tel schéma en théorie structurant a impacté la pratique médicale ? Correspond-il toujours aux besoins de santé à l’heure du Covid ?

Les soins primaires ont pour fonction de garantir l’accès aux soins selon ses besoins en associant globalité, continuité et coordination avec les autres secteurs, secondaires et tertiaires. « Primaires » a pu être perçu comme un peu dévalorisant, si bien qu’est préférée bien souvent la notion de « soins de proximité ». Ou encore de « premier recours », dans la loi de 2009. Pour revenir aux « équipes de soins primaires » dans celle de 2016.
Les « soins de proximité » apparaissent dans la loi de 2019. Cette valse-hésitation sémantique trahit en fait les difficultés d’organisation, de régulation et de gouvernance. Et l’importance d’associer différentes professions de santé dont les hospitaliers, les usagers et les élus locaux. Jusqu’à la création des collectifs de professionnels de santé de ville sur un territoire (CPTS*) englobant – enfin – la prévention, l’anticipation et les besoins de santé insuffisamment traités au sein de la population d’un territoire donné.
Les soins primaires ont un avenir s’ils se réinventent en se décloisonnant avec les autres acteurs et en passant du soin à la santé. Est-ce la fin du modèle libéral individuel, s’interrogent les auteurs. Le Président de la République a déjà répondu par la positive en septembre 2018.
*Communauté professionnelle territoriale de santé
Les soins primaires en question(s). Yann Bourgueil, Aline Ramond-Roquin, François-Xavier Schweyer. Hygée Éditions
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Lire les précédentes tribunes de Philippe Leduc parues sur la Veille :
- « Après le virage ambulatoire, le virage domiciliaire : attention danger »
- « Avant transformation, l’Igas s’auto-critique »
- Le DMP renaîtra-t-il dans « mon espace santé » ?
- 2030, l’année de tous les dangers
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