Points de vue

Les Contrepoints de la Santé - 6 octobre 2023

Restructuration de l’offre aux soins : les pistes de la DGOS Marie Daudé (Vidéo)

Contrepoints de la Santé_Marie Daudé_Septembre 2023_Site

Le 26 septembre, Philippe LeducPascal Maurel et notre directeur Renaud Degas ont reçu, dans Les Contrepoints de la Santé, la directrice générale de l’offre de soins Marie Daudé. Au cœur des débats : comment renforcer l’offre de soins en période de pénurie de soignants, alors même que la demande s’accroît face au vieillissement de la population et à l’essor des maladies chroniques ? De fait, selon un sondage BVA Santé exclusif dévoilé lors du débat, près de la moitié de la population (48%) estime, à ce jour, rencontrer des difficultés d’accès aux soins!

« Il est certain aujourd’hui, vu la situation dans laquelle nous sommes, que nous ne pouvons plus travailler en silos », a reconnu la DGOS. Il faut « une vision globale », « stratégique » du système de santé, sortir d’une « vision hospitalo-centrée » ou « ville-centrée » et réussir à « faire travailler tout le monde ensemble ». Le chemin est long… mais « les problèmes sont trop lourds » pour être réglés en un coup de « baguette magique », a-t-elle insisté. Ce qui impose d’agir, selon elle, « sur plusieurs leviers ».

 

Trois grands leviers d’actions

Elle a ainsi évoqué, au-delà de la « coopération ville-hôpital, qui reste cruciale », trois « grands leviers » ciblés par la DGOS pour améliorer l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire national :

– la réforme des études médicales, déjà en oeuvre, et la suppression du numerus clausus pour basculer vers un système d’ « objectifs quantifiés nationaux pluriannuels à cinq ans » ;

– la répartition des professionnels sur le territoire, sur laquelle il est possible d’agir à travers des dispositifs d’installation conditionnée dans le cadre des conventions négociées entre libéraux de santé et Assurance maladie ;

– mais aussi l’organisation des soins, via les structures d’exercice coordonné (CPTS, maisons de santé, centres de santé…), les protocoles de coopération entre professionnels pour faciliter les prises en charge, les délégations de tâches et de compétences

 

Une première étape

D’où le fait que les pharmaciens pourront prochainement prescrire des antibiotiques en cas de cystite ou d’angine, sous condition de faire un test rapide d’orientation diagnostique (TROD), par exemple. Cette mesure, inclue dans le PLFSS 2024, « est à la fois nouvelle et ancienne », resitue la DGOS : elle s’inscrit dans « les traces de ce qui existait » de manière « expérimentale et protocolaire », dans certains territoires, « notamment là où il y avait des structures d’exercice coordonné ».

Sa généralisation à l’échelle nationale montre « que l’on arrive quand même à poser des briques et à avancer » pour  » simplifier », estime Marie Daudé. « C‘est, d’une certaine manière, l’avenir, qui est de continuer à essayer de partager et de déléguer des tâches dans le respect, bien sûr, du rôle de chacun et notamment de celui du médecin traitant. »

Pour le moment, « c’est une première étape » ; « cela méritera que l’on s’y attarde, car il y a, quand même, un peu de raidissement parmi les médecins ». Le prochain chantier ? « Il est multiple, mais il y a des réflexions en cours sur la profession infirmière, sur les IPA« .

 

« On ne peut pas ne rien faire »

La DGOS est également revenue sur la proposition de l’Ordre des pharmaciens d’autoriser des pharmaciens d’officine à effectuer des remplacements « de courte période » dans les pharmacies à usage intérieur (PUI), pour faire face aux difficultés de recrutement et de remplacement de pharmaciens hospitaliers. Une idée qui coince sur le terrain.

« Nous avons des territoires où nous n’arrivons pas à remplacer les pharmaciens hospitaliers lorsqu’ils sont, notamment, seuls dans leur PUI et qu’ils partent en congé ou qu’ils sont malades, par exemple. Et cela paralyse tout le système. Je pense qu’il faut être pragmatique : nous avons une difficulté et il faut essayer de la régler du mieux possible, encore une fois dans le respect des compétences de chacun.

Donc si l’on prend une mesure en ce sens, il faudra qu’elle soit transitoire et qu’elle soit encadrée, notamment sous l’égide du DG des ARS. Mais aujourd’hui, je pense que l’on ne peut pas ne rien faire. »

Contrepoints de la Santé_Septembre 2023_Marie Daudé

 

SAS, urgences, tarifications

À l’occasion de ce premier débat de rentrée des Contrepoints de la Santé, la DGOS s’est attardée sur le sujet du Service d’accès aux soins (SAS), de la télésurveillance médicale, de la rémunération des professionnels, des conseils territoriaux de santé… mais aussi du financement des établissements de soins.

Au menu, la T2A, l’opportunité de financer certaines activités via une part de dotation socle, la SMA (pour sécurisation modulée à l’activité) mise en place en 2023, ou encore, la tarification au parcours, actuellement expérimentée dans le cadre, notamment, de certaines expérimentations « article 51 ». L’heure est désormais à l’évaluation, « pour voir comment les généraliser ». Les dotations populationnelles, modes de tarification basés partiellement sur l’activité et sur les besoins de la population, sont elles aussi étudiées.

 

Virage écologique

Côté planification écologique, la DGOS a évoqué la feuille de route tracée par la ministre Agnès Firmin le bodo et articulée autour de sept thématiques : bâtiment et maîtrise de l’énergie ; achats durables ; soins écoresponsables ; déchets du secteur ; formation et recherche en transformation écologique ; mobilités durables ; impact environnemental du numérique. « Nous savons que le système de santé contribue, dans notre pays, à hauteur de 8% des émissions de gaz à effet de serre ; nous ne pouvons pas nous en satisfaire. »

L’Assurance maladie, la DGOS mais également d’autres directions générales sont concernées. « Nous sommes, nous, mobilisés sur ce qui concerne les hôpitaux, la gestion des déchets, l’usage unique, le recours au plastique, le numérique, les médicaments utilisés par les établissements… » Un comité de pilotage a, pour rappel, été créé sur ce sujet et, en décembre 2023, est prévue la signature d’une convention de planification écologique listant les engagements des parties prenantes de ce Copil.

 

Une réforme de la DGOS en cours

Enfin, Marie Daudé a fait le point sur la réforme en cours de la Direction générale de l’offre de de soins (à 53’00). Un « très gros chantier » engagé « avec un calendrier resserré » pour une mise en place « à compter du premier trimestre 2024 », a-t-elle conclu.

 

Contrepoints de la Santé_Septembre 2023_Marie Daudé

 


Les Contrepoints de la Santé sont des petits-déjeuners-débats mensuels co-organisés par les journalistes Pascal Maurel, Philippe Leduc et Renaud Degas, également directeur de la Veille Acteurs de santé. Tous les mois, des personnalités de premier plan débattent ainsi des sujets qui font l’actualité de la santé !

Lieu du tournage : Villa M – Paris.

Organisation, captation vidéo et diffusion : Françoise Millet, Nathalie Ratel et Emmanuel They.

Partenaires : Qare, Groupe Pasteur Mutualité, Groupe Point Vision, BVA Santé, MSD France, Ortus, LDC Santé et La Veille Acteurs de Santé !

 


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