Points de vue

L’oeil de la rédaction - 11 mai 2020

COVID-19 : « Sans confinement, nous aurions comptabilisé 120 000 à 150 000 décès en France »

Lundi 11 mai, après 55 jours de confinement, « une nouvelle phase progressive et prudente » de déconfinement et de « reprise d’activité débute », comme le rappelle le ministère de la Santé dans un récent communiqué. Pour faire le point, le Pr Jean-François Delfraissy, Président du Conseil scientifique Covid-19, était l’invité de Pascal Maurel, journaliste, et le Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg, dans la dernière émission UC2m News de l’Université du change management en médecine, dont nous sommes partenaires.

 

 

« Le confinement était la moins mauvaise des solutions puisque, à l’époque, nous comptions plusieurs dizaines de contaminations par jour dans certaines régions, résume le Pr Jean-François Delfraissy, Président du Conseil scientifique Covid-19, qui rappelle que ledit Conseil n’a aucun pouvoir décisionnel. Nous avions un facteur R0 (indicateur de propagation du virus, NDLR) de l’ordre de 3,3 à 3,4 et une capacité limitée de tests RT-PCR : avec une capacité d’environ 3000 tests diagnostiques par jour, nous étions déjà dépassés pour adopter une attitude de type tests et isolements. »

« Selon les prévisions, sans confinement, nous aurions comptabilisé 120 000 à 150 000 décès en France. Le confinement a permis de limiter le nombre de patients ayant besoin d’une réanimation et de faire baisser globalement le nombre de contaminations, poursuit-il. Et d’ajouter : « Nous sommes passés, globalement, d’un facteur R0 de 3,3 – 3,4 à 0,6 ».

Ce qui signifie toutefois que le risque n’a pas disparu. « Il est prévu qu’à partir du 11 mai, nous ayons entre 2000 et 4000 nouvelles contaminations en France », note le Pr Delfraissy.

Tests diagnostiques, tests sérologiques

C’est pourquoi la sortie du confinement sera « très progressive », pointe-t-il, tout en rappelant les enjeux sanitaires, sociétaux et économiques à l’œuvre. « Nous aurons une capacité de 100 000 tests diagnostiques par jour sur l’ensemble du territoire, y compris d’outre-mer ». 

Quant aux tests sérologiques qui permettent de témoigner de la présence d’anticorps dans l’organisme (dont les tests Elisa), « un certain nombre, testés, ont une bonne sensibilité et une bonne spécificité ». Il se dit très confiant : « dans les quinze jours qui viennent, quatre-cinq tests Elisa seront reconnus, labellisés et pourront être utilisés ».

Par ailleurs, « il commence à y avoir un certain nombre de tests rapides à peu près au point », pour des « testings plus larges, plus rapides, plus simples ». « Leur validation de type sensibilité et spécialité n’est pas encore au point mais je suis optimiste. Tout va très vite pour le Covid. Je pense que nous aurons des tests rapides de très bonne qualité fin mai. » Le caractère protecteur des anticorps détectés restent toutefois encore à confirmer, rappelle-t-il.

 

Revoir les précédentes émissions de l’UC2m

Emission du 30/04 Covid-19 : les libéraux de santé, acteurs clé du déconfinement
Emission du 23/04 L’engagement des jeunes contre le Covid-19
Emission du 16/04 L’hôpital face au Covid-19: maintenant et après?
Emission du 9/04 La réaction de l’Europe vis-à-vis du Covid-19
Emission du 2/04 Covid-19: l’hôpital en attaque et en défense

 

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