La 18e Université de la e-santé Castres Mazamet se tiendra les 26 et 27 novembre 2024. Le rendez-vous est donné sur les bancs d’Isis, première école d’ingénieurs en e-santé de France, pour (re)penser les fondamentaux du numérique en santé. L’occasion pour Virginia Doan, organisatrice de l’événement et directrice de la technopole Castres-Mazamet, de revenir sur deux décennies d’e-santé.
Propos recueillis par Renaud Degas avec Géraldine Bouton.
Cette édition 2024 de l’Université de la e-Santé Castres-Mazamet invite les participants à « revenir aux fondamentaux – la prévention, les territoires et les données – pour développer les usages ». En quoi ce triptyque constitue-t-il des bases essentielles, et pourquoi y revenir ?
Virginia Doan : Encore trop de gens n’ont pas conscience de ce qu’est véritablement la e-santé. Il est essentiel d’en partager une vision durable et efficace. La prévention permet d’adopter une démarche proactive plutôt que curative. Anticiper, c’est aussi réduire les coûts de santé et améliorer la qualité de vie des gens.
Il est crucial d’adapter les solutions aux réalités locales. La technologie peut combler des écarts en termes de ressources médicales, réduire les inégalités d’accès aux soins, faciliter la coordination entre les professionnels de santé. Investir la e-santé est une véritable opportunité pour les territoires en dehors des métropoles, les zones sous-dotées. Enfin, la donnée permet de personnaliser, sécuriser le parcours de soin, avoir une recherche médicale plus précise.
La prévention, l’approche territoriale et la bonne gestion des données forment une base solide pour le système de santé. Il nous semblait important d’explorer ces fondamentaux et les repenser aujourd’hui.
Cette année, l’Université de la e-Santé fête ses 18 ans. Ce rendez-vous de la e-santé figure parmi les plus anciens. Qu’est-ce qui fait votre spécificité ?
V.D. : Il y a 18 ans, personne ne parlait de la e-santé. Nous étions pionniers. Ces deux décennies nous ont permis de constituer un écosystème solide autour de l’Université de la e-santé. Ce réseau, qui ne cesse de s’enrichir, a toujours ouvert grand ses portes. Entreprises, start-ups, experts, chercheurs, professionnels de santé, patients, décideurs… nous réunissons une grande diversité d’acteurs. Cela concourt à l’esprit convivial de l’événement, tout comme son ancrage territorial, en dehors des métropoles et de Paris.
Enfin, nous menons un travail de veille constant, qui nous permet d’être à l’écoute des tendances et d’anticiper les sujets. Il y a bien longtemps que nous parlons des enjeux techno-règlementaires et éthiques.
Quelles évolutions vous ont le plus marqué, au cours de ces 18 dernières années, dans le secteur e-santé ?
V.D. : Les patients et les professionnels de santé occupent désormais une place à part entière dans le développement de la e-santé et l’évaluation des solutions. Après une période où de nombreuses solutions et technologies, parfois farfelues, ont émergé, il était nécessaire de revenir à la question des usages, à leur acceptation par le patient et le professionnel de santé. Ces derniers ont un rôle d’évaluateurs mais aussi d’entrepreneurs.
Autre évolution importante, le rendez-vous en ligne figure parmi les solutions les plus concrètes et les plus impactantes de ces dernières années. Il simplifie la vie du patient et allège le quotidien du praticien. La téléconsultation marque également une étape. Initialement envisagée pour pallier les carences en ressources médicales, elle est finalement perçue comme une brique complémentaire dans le parcours de soin.
Enfin, le big data et l’arrivée de l’intelligence artificielle apportent un soutien important à la recherche, au développement de l’aide au diagnostic, à l’optimisation des traitements… Il convient également de noter la montée en puissance des objets connectés des patients. Parallèlement, la cybersécurité et la protection des données sont devenues des sujets incontournables.
Quel est le sens de cet événement pour un territoire comme Castres-Mazamet, qui n’est pas particulièrement connu pour son écosystème de numérique en santé ?
V.D. : Je ne partage pas votre jugement (sourire). La puissance politique du territoire a été pionnière. Il y a eu une volonté d’anticiper les tendances, d’être à l’avant-garde sur les usages, les solutions et la formation. Castres bénéficie en réalité d’un véritable écosystème.
La première école d’ingénieurs spécialisée en e-santé, Isis, a été créée sur ce territoire. Un réseau important s’est constitué autour de l’hôpital intercommunal de Castres. Ouvert en 2011, ce dernier dispose d’une cellule d’expérimentation et d’innovation. Il a récemment été labellisé « Tiers Lieux d’Expérimentations numériques en santé » pour des projets autour la prise en charge du vieillissement et de la lutte contre la perte d’autonomie*, sourcés lors de nos événements. Il est le seul établissement rural parmi les lauréats des vagues 1 et 2 de l’appel à manifestation d’intérêt national dans le cadre de France 2030. La région Occitanie a depuis longtemps identifié Castres comme un acteur-clé de la e-santé.
* Le projet Rural Innov Santé Senior (RI2S), est porté par un consortium réunissant le CHIC Castres-Mazamet, la Communauté professionnelle territoriale de santé Tarn Sud, L’association gérontologique interrégionale, l’école d’ingénieurs en systèmes d’information pour la santé, et le Gérontopôle de Toulouse.
Informations pratiques : Université de la e-santé, les 26 et 27 novembre 2024, à Castres. Inscription et programme.