Points de vue

L’oeil de la rédaction - 29 juillet 2022

« Une communication claire, accessible et fiable pour une e-santé comprise et acceptée » (Interview)

Veille Acteurs Santé_Lina Autelitano_Une communication claire, accessible et fiable pour une e-santé comprise et acceptée_Site

« E-santé et communication, les clés de succès pour un patient engagé et impliqué ». Un thème exploré le 28 juin lors d’une rencontre organisée par l’équipe du Festival de la Communication Santé, dans le cadre de l’Université de la e-santé, à Castres, dont nous étions partenaires. Lina Autelitano, Responsable Digital & Communication au sein de la Direction de la Relation Patients & Consommateurs des Laboratoires Pierre Fabre, était invitée à s’exprimer pour l’occasion. Entretien.

 

Le 28 juin, la confiance était présentée comme essentielle à l’essor de la e-santé en France. Pouvez-vous nous en dire plus ?  

. Lina Autelitano, Responsable Digital & Communication au sein de la Direction de la Relation Patients & Consommateurs des Laboratoires Pierre Fabre
. Lina Autelitano, Responsable Digital & Communication au sein de la Direction de la Relation Patients & Consommateurs des Laboratoires Pierre Fabre

Lina Autelitano : Un grand travail de communication et d’information est nécessaire pour lever les freins à l’essor de la e-santé. Les messages délivrés aux patients doivent en effet être clairs, compréhensibles et fiables, pour susciter la confiance.

En effet, à ce jour, environ 13 millions de Français sont touchés par l’illectronisme, pour différentes raisons : moyens économiques insuffisants, fracture numérique, mais aussi réticence à adopter les outils numériques disponibles, mésinformation… Cela vaut pour la télémédecine, les objets connectés, les nouveaux services types Mon Espace Santé, l’intelligence artificielle, qui fait naître des craintes, ou encore, le metaverse, qui fait son apparition !

 

Quel rôle peut jouer une entreprise de santé comme la vôtre ?

Lina Autelitano : Je pense que nous avons, en tant que laboratoire pharmaceutique et donc acteur de santé, une responsabilité dans ce travail de communication, l’enjeu étant de véhiculer des informations cohérentes et pertinentes auprès des associations de patients, des patients, des professionnels de santé, des instances publiques et du grand public… Ces informations peuvent porter sur l’existence de services numériques utiles ou sur l’intérêt de partager ses données de santé pour la recherche ou la lutte contre les pandémies, par exemple.

Lors de son lancement, l’application TousAntiCovid a suscité la méfiance. Elle a pourtant été mise en place pour tenir les Français informés sur l’évolution de la Covid-19 ainsi que pour alerter les personnes ayant été en contact avec une personne testée positive afin d’ accélérer leur prise en charge… Le pass sanitaire, avec QR Code, a également mis du temps à être adopté par la population. Il y a sans doute, dans ce type de cas, une communication rassurante à mettre en place pour que cette e-santé soit comprise et acceptée, en particulier si celle-ci facilite la vie des patients. Et, pour qu’elle soit efficace, cette communication doit être co-construite avec eux.

 

Comment cette co-construction peut-elle concrètement se mettre en place ?

Lina Autelitano : La relation entre les entreprises pharmaceutiques et les patients, bien entendu très encadrée, est essentielle pour en savoir plus sur leurs besoins, leur pathologie et son impact sur leur vie personnelle et professionnelle, le parcours de soins… Ces renseignements sont précieux pour adapter nos solutions de traitement, affiner nos services à leur égard et potentialiser leur adoption, ajuster nos mots à leurs maux pour que les messages soient mieux intégrés et mieux relayés… et ainsi créer une dynamique d’engagement des patients face au vécu de leur maladie (plus d’observance, plus de vigilance face aux risques et à l’évolution de celle-ci, plus de méfiance vis-à-vis des fake news, plus de participation à la recherche, etc.).

À titre d’exemple, nous avons mis en place, dans 6 pays (Canada, Chine, France, Espagne, Italie et Allemagne), une grande étude épidémiologique sur l’impact psycho-social des dermatoses visibles. Nous avons co-construit le questionnaire d’enquête avec 5 associations de patients. L’enjeu : poser les bonnes questions pour obtenir des données pertinentes.

Nous avons ensuite adressé les résultats de cette étude, présentée lors du congrès de la European Academy of Dermatology and Venereology (EADV) en 2021, du Spring EADV en mai 2022 et des Journées Dermatologiques de Paris en décembre 2021, aux associations avec lesquelles nous avons travaillé, pour qu’elles-mêmes puissent les relayer. Cette étude a aussi pour but de sensibiliser les professionnels de santé sur l’impact des lésions visibles sur la qualité de vie de leurs patients et de contribuer à changer notre regard sur les patients atteints de dermatoses visibles.

Pour en revenir au numérique en santé, nous avons par ailleurs créé, en octobre dernier, un groupe privé sur Facebook, « Mieux Vivre avec la Prostate« , dédié aux hommes de plus de 50 ans souffrant de troubles urinaires en raison d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Il s’agit là d’une évolution naturelle du corps pourtant encore taboue, qui peut impacter la qualité de vie et qui, bien souvent, est dépistée tardivement. Nous souhaitions donc évoquer ce sujet d’autant qu’il n’existe pas d’association de patients dans ce domaine et que nous avions senti un vrai besoin des patients de partager avec leurs pairs, de se sentir moins seuls, de recevoir des informations fiables.

Nous avions déjà constitué quelques communautés virtuelles de patients pour recueillir leurs attentes sur cette thématique. Nous sommes donc revenus vers eux pour leur proposer de co-construire une communauté en ligne durable et leur demander le ton qu’ils souhaitaient voir adopter, le type d’informations qu’ils recherchaient… Nous nous étions fixé l’objectif de réunir 100 patients en 6 mois. Au final, nous en avons réuni 4 fois plus et les échanges d’informations, interactions, engagements et commentaires se multiplient progressivement !

En parallèle, nous leur proposons des lives et des vidéos en faisant intervenir des professionnels de santé. Cela nous semble essentiel pour évoquer tous les thèmes d’environnement de la maladie, dont les troubles urinaires, sexuels ou encore, du sommeil engendrés par la pathologie, et aider à ce que les patients soient de plus en plus engagés et acteurs de leur santé en étant mieux informés.

 


 

E-santé et Communication, les clés de succès pour un patient engagé et impliqué_Rencontre Festicom Santé à Castres

 

La rencontre du Festival de la Communication Santé du 28 juin était animée par Eric Phélippeau, Vice-Président – & Directeur Général en charge de la stratégie et du développement du Festival de la Communication Santé.

Elle s’est déroulée en présence de trois invitées :

  • Anne Schweighoferfondatrice de Patient Conseil et coordinatrice de la plate-forme “Les patients s’engagent”, dont le leitmotive est « pour, par et avec les patients » et « jamais rien sans nous pour nous »
  • Lina Autelitano, Responsable Digital & Communication Direction de la Relation Patients & Consommateurs, Laboratoires Pierre Fabre
  • Françoise Alliot Launoisprésidente de l’association de patients AFLAR

Retrouvez, ici, notre interview d’Anne Schweighofer, en attendant celle de Françoise Alliot Launois, à la rentrée !

 

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