Enjeux & décryptages

L’oeil de la rédaction - 14 janvier 2025

En 2025, le Collectif Femmes de santé se déploie en région

Créé en juin 2019 à l’initiative d’Alice de Maximy, aujourd’hui déléguée ministérielle à la diversité et à l’égalité professionnelle à Bercy, le collectif Femmes de santé réunit aujourd’hui plus de 2700 membres, issus de l’ensemble du secteur de la santé. Son objectif : contribuer à la co-construction d’une santé durable, équitable et égalitaire et mettre en lumière l’expertise et les initiatives des femmes du secteur. Entretien avec Maud Nivet, sa nouvelle déléguée nationale, sur les enjeux de 2025.

Propos recueillis par Nathalie Ratel.

 

Pour vous, que veut dire être Femmes de santé en 2025 ? Quel rôle et quel impact doivent avoir un collectif comme le vôtre aujourd’hui ?

Maud Nivet : Être Femme de Santé, c’est vouloir être engagée, au sein d’un collectif bienveillant et solidaire, avec pour objectifs une amélioration de la santé et des prises en charge, une envie de faire bouger les choses en développant grâce à l’intelligence collective des travaux et des recommandations utiles et applicables. Notre rôle est ensuite de porter ses travaux au plus haut niveau et de les concrétiser.

Pour moi intégrer le collectif, c’est aussi s’entourer d’expertes en santé, avoir du soutien et des ressources partagées, dans un but d’entraide et de progression commune.

Il réunit désormais plus de 2700 membres : des femmes mais aussi quelques hommes. Il a fêté, fin 2024, ses cinq ans. Beaucoup d’actions ont été menées pour promouvoir la place des femmes dans le secteur de la santé, la santé des femmes et la santé environnementale. Il faut, aujourd’hui, poursuivre ce qui a été entrepris et maintenir la dynamique.

 

Comment en êtes-vous arrivée à accepter cette mission de délégué nationale du collectif ? 

M.N. : J’ai découvert le collectif l’année de sa création, en 2019, via LinkedIn. Portée par ses valeurs, j’ai adhéré très rapidement et participé à ses différents travaux et groupes de travail. J’ai également animé, en décembre 2022, un atelier lors de la deuxième édition des États généraux des Femmes de santé, puis, en juillet 2023, partagé mes astuces et conseils pour mieux connaître les besoins psychologiques des patient(e)s et adapter les pratiques en conséquence lors d’un « tips », ces fameux ateliers en ligne de quinze minutes proposés régulièrement par le collectif pour favoriser le partage d’expertise et d’expérience. Dans le même esprit, j’ai enregistré un épisode du podcast « Les Expertes de la Santé » sur le thème « Débloquer une relation conflictuelle au sein d’une équipe en milieu hospitalier ».

Il y a, au sein de ce collectif, beaucoup d’énergie, d’émulation, de solidarité. Alors quand, en décembre dernier, on m’a proposée d’en devenir déléguée nationale, j’ai accepté avec grand plaisir !

Aujourd’hui, je souhaite porter, avec humilité et sincérité, la voix et les valeurs du collectif et, bien sûr, d’aller encore plus loin dans nos missions et nos travaux, aux côtés de Margaux Darras, responsable coordination des missions du collectif, ainsi que des différentes instances du collectif, le jury de sélection des femmes de santé de l’année, les conseillères spéciales du collectif et les membres du comité éthique et stratégique : Catherine Azoulay, Catherine Bertrand-Ferrandis, Fabienne Faude, Julien Kouchner, Pauline Derrien, Axelle Ayad, Valérie Courcier, Fabienne Faudé et David Petauton.

 

Quelles sont vos priorités et nouveautés pour 2025 ? 

M.N. : Notre objectif, pour 2025, est de déployer le collectif en région. Nous prévoyons ainsi de nommer des déléguées régionales qui seront en charge, localement, de créer des liens entre les acteurs de santé du territoire mais aussi d’animer des afterworks, des ateliers, des groupes de travail… Nous sommes d’ailleurs en train de préparer un « book » pour les aider dans leurs missions. Les idées et propositions qui émaneront du terrain, sur la santé des femmes, la santé environnementale ou encore, la place des femmes dans le secteur de la santé, seront remontées et restituées lors de nos États généraux pour alimenter les réflexions.

Nous continuerons bien sûr d’organiser nos rencontres habituelles : nos « tips », en ligne, comme nos « cafés gourmands », en présentiel. Le prochain se tiendra d’ailleurs le 23 janvier de 12h30 à 14h à Paris sur la dépression post-partum, avec le Pr Anne-Laure Sutter, psychiatre et pédopsychiatre en périnatalité au sein du Centre Hospitalier Charles Perrens à Bordeaux, et Mahalia Coujitou, directrice d’hôpital. Nous poursuivrons l’enregistrement des épisodes de notre podcast « Les Expertes de la Santé ».

Mais pour aller plus loin, nous avons lancé un groupe de travail mensuel sur le thème de l’infodémie, reconnue par l’OMS comme un enjeu critique depuis la crise Covid-19, et de la mésinformation en santé. Il est animé par le Dr Catherine Bertrand Ferrandis, vétérinaire et journaliste de formation, aujourd’hui spécialisée en communication des risques et en gestion d’infodémie en santé publique, et se tient le 10 de chaque mois (exception le 12 mai) de 12h30 à 14h. Nous avons choisi ce sujet au vu de la déferlante d’informations qui bouleversent le secteur de la santé et ses acteurs, et impactent directement leur pratique quotidienne et leurs relations avec leurs patients-clients-collègues-partenaires. Les travaux feront l’objet d’une présentation lors des États généraux de décembre et, début 2026, d’un livre blanc dédié à l’impact de la mésinformation dans le domaine de la santé des femmes, pour façonner les meilleures pratiques de demain.

 

En quelques mots, qu’ont apporté les États généraux de décembre dernier ?

M.N. : Ils ont réuni une centaine de personnes en présentiel et quasiment autant en distanciel sur le thème de la place de la femme dans le secteur professionnel de la santé(1). Au total, 15 recommandations ont été formulées, que nous porterons bien sûr auprès des membres du Gouvernement en charge de la Santé et de l’Égalité.

Nous avons adopté cette démarche depuis 2021, année de la création des États généraux. Nous adressons les propositions concrètes qui émergent de chaque édition aux pouvoirs publics. Certaines d’entre elles semblent avoir été reprises dans le plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027, qui prévoit de créer une « Semaine Santé des femmes », de lancer une campagne d’information sur le rôle des sages-femmes dans la prise en charge de la santé des femmes en dehors de la grossesse et de la périnatalité, notamment dans le suivi gynécologique régulier, ou encore de permettre aux parents isolés d’accéder à des solutions de garde d’enfants en cas d’hospitalisations de jour ou de courts séjours.

Mais la force des États généraux s’étend au-delà : il s’agit d’un vrai moment d’intelligence collective et de rencontre entre professionnels du secteur de la santé. L’événement, qui s’articule autour d’ateliers et de tables rondes, favorise les synergies, le lancement de projets ou de partenariats, la création de start up…

(1) Organisé sous le haut-marrainage de Geneviève Darrieussecq, alors Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins et le haut-parrainage de Paul Christophe, Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

 

 

Bio Express

Maud Nivet, infirmière diplômée en 2007, a commencé sa carrière au sein du service des urgences du Centre hospitalier de Bourges, avant de devenir formatrice en Gestes d’urgences et de Secours au sein du Centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU) de Bourges. Elle a ensuite intégré, en 2013, le secteur de la petite enfance avec des missions de soins puis de formation des équipes et, enfin, de mangement en devenant directrice de crèche. Depuis 2020, elle est formatrice indépendante en santé relationnelle et communication.

 

 

Quelques actions emblématiques du collectif
  • Distinction, chaque année de 13 femmes de santé pour leurs initiatives marquantes dans le secteur de la santé, qu’elles soient professionnelles de santé, professeure, directrice d’hôpital, cadre de santé, présidente d’association, startuppeuse…
  • Publication, depuis 2023, du baromètre annuel sur la perception des femmes sur leur santé, réalisé avec l’Institut CSA.
  • Organisation de formations certifiées Qualiopi dispensées par des expertes du collectif sur des thèmes variés : RSE, santé des soignants, organisations des soins, management, égalité professionnelle, accompagnement des femmes victimes de violence, prévention, identification et gestion des comportements sexistes et du harcèlement moral et sexuel sur le lieu de travail…

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