Points de vue

L’oeil de la rédaction - 17 septembre 2024

« Il y a urgence à repenser le lien patient-soignant »

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Depuis un an, le collectif « Pour un nouveau Grenelle de la Santé » réunit les acteurs de santé, dans son acception la plus large. Le 25 septembre, il proposera sa deuxième agora citoyenne où il sera notamment question de pacte citoyen en santé et de label de bientraitance. Rencontre avec l’un de ses membres fondateurs, Adrian Chaboche, médecin généraliste à Paris.

Propos recueillis par Renaud Degas avec Géraldine Bouton

 

Quel est l’objectif du collectif Pour un nouveau Grenelle de la Santé ?

Dr Adrian Chaboche : Il y a d’abord une volonté de réunir, de manière transverse, transdisciplinaire et citoyenne, des acteurs du système de santé autour d’un même enjeu, celui d’améliorer la présence humaine dans le soin pour faire face à la dégradation des relations soignants-soignés. Il y a urgence à repenser ce lien pour faire face à la souffrance des patients et au désarroi des soignants.

Le collectif rassemble donc des professionnels de santé libéraux et hospitaliers, des médecins, des infirmiers, des pharmaciens, des représentants d’associations de patients, des usagers de soins, des professionnels du droit, des collectifs d’aidants, des paramédicaux, etc. Il n’y a que dans la convergence des compétences que nous pourrons proposer quelque chose de concret.

Nous sommes partis du constat que rien n’émerge d’un système de santé malade. Et comment engager une réforme de fond lorsque l’on change de ministre de la Santé tous les ans ? Le secteur va vers le low-cost et tient grâce à l’investissement sacerdotal des acteurs du soin. Mais pour combien de temps ? Un contexte qui amène les patients à renoncer aux soins pour motif économique, mais aussi parce qu’ils ne se sentent plus écoutés.

Tout le monde est perdant et le coût pour la société est considérable. Notre collectif veut fédérer et montrer, à travers ses réflexions et ses actions, que d’autres approches du soin peuvent exister.

 

Le collectif organise une nouvelle agora intitulée « Vers un pacte citoyen de la santé ». Plusieurs initiatives seront présentées, dont un label de bientraitance. De quoi s’agit-il ? 

Dr A.C. : Des patients peuvent se retrouver face à de la maltraitance lorsque des professionnels médicaux ou paramédicaux, à court de ressources face à certaines pathologies, leur répondent « C’est dans votre tête ». Mais il est possible de travailler dans un lien patient-soignant de qualité. Il y a le point de vue scientifique et le savoir-faire des professionnels de santé. Cela ne doit pas empêcher d’écouter le patient et de considérer ce qu’il apporte dans cette relation. C’est cette idée que nous portons avec le collectif. Mais nous voulons ne pas en rester aux grands discours. D’où la création d’un label qui porte concrètement notre vision du soin et de la relation patient-soignant.

En travaillant avec des Communautés professionnelles et territoriales de santé (CPTS), des soignants libéraux et hospitaliers, nous avons identifié un certain nombre de critères comme la propreté, l’accessibilité des soins, la posture du praticien, sa capacité d’écoute, l’examen clinique, etc. Ce label peut être une porte d’entrée pour évaluer la relation. Il faut le voir comme un outil qui permet d’avancer collectivement et qui peut également servir de base de formation pour augmenter la qualité des soins. Travailler sur la bientraitance du patient, c’est aussi agir sur celle des soignants. Le collectif n’est pas là pour donner des leçons ou stigmatiser les professionnels de santé, mais bien pour tenter d’innover, de manière concrète.

 

Justement, parmi les réflexions qui animent le collectif, certaines sont déjà à l’œuvre. Vous avez créé à Paris un centre médical basé sur une approche intégrative. Il fait partie des initiatives qui donnent corps à cette nouvelle approche que vous appelez de vos vœux. En quoi cela consiste-t-il ?

Dr A.C. : Ce centre pluridisciplinaire et complémentaire est un lieu de soin ouvert à tous, qui dispose d’une dizaine de bureaux de consultation. Le projet de santé repose sur une approche globale de la santé des patients. Il y a à la fois une approche de médecine générale avec une ouverture sur des soins de premier recours et un accompagnement incluant des dimensions physiques, psychiques et sociales.

L’équipe de professionnels de santé médicaux et paramédicaux travaille en lien et en coordination avec des psychologues et des professionnels des pratiques complémentaires tels que des hypnothérapeutes, des acupuncteurs, des ostéopathes, etc.

Nous avons trois grands flux de patients, ceux qui viennent pour les soins de première ligne. Certains viennent chercher une approche intégrative et transdisciplinaire pour des problèmes de santé qui ne trouvent pas de réponse dans le système de santé actuel. Enfin, il y a des patients qui viennent en prévention et pour en savoir plus sur leur santé.

 

Pour en revenir au rendez-vous du 25 septembre prochain à Lyon, qu’attendez-vous de cette deuxième agora ? 

Dr A.C. : Nous voulons attirer l’œil des médias pour montrer que des réflexions sont menées et des pistes d’évolution concrète de notre système de santé sont possibles. Cette agora est aussi et surtout un espace de rencontre avec des professionnels investis et les patients. C’est un lieu de réseautage où nous pouvons phosphorer collectivement pour redonner de l’espoir et montrer que nous sommes capables de faire des choses qui fonctionnent. La force du collectif doit permettre de transformer l’essai.

 

Agora citoyenne du collectif « Pour un nouveau Grenelle de la santé », 25 septembre à Lyon, de 9h à 13h. Inscription.

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