Après plusieurs années à Nancy, le salon City Healthcare, dont la Veille Acteurs de santé est partenaire, pose, en 2023, ses valises les 21 et 22 septembre à Nantes. Quelle est l’originalité de ce salon ? Quel est son objectif ? Rencontre avec Isabelle Margo, ancienne journaliste et fondatrice de l’événement.
Dans le paysage des salons organisés autour du numérique en santé, quelle est l’originalité de votre proposition ?
Isabelle Margo : L’ADN du salon-congrès City Healthcare est d’être un forum d’échanges pour faire le point sur les outils numériques en santé et ce qu’ils permettent ou ne permettent pas. Dès la création du salon en 2016 (sous le nom Cité Santé, à l’époque), nous avons ainsi mis en avant les usages. Notre idée est d’offrir un lieu où tous les acteurs du numérique en santé, du concepteur à l’utilisateur, du chercheur au startupper, puissent échanger autour des pratiques. L’idée est d’avoir des focus sur des outils qui permettent d’améliorer la santé des patients, augmenter le temps médical des médecins, l’impact concret de la 5 G, etc.
Pourquoi le salon-congrès City Healthcare a choisi un positionnement territorial, implanté dans un territoire ?
Isabelle Margo : Dès le départ, nous avons eu plusieurs intuitions :
- c’est autour du numérique en santé que vont s’agréger les principales innovations du système de santé ;
- au-delà d’un pilotage national, le succès du virage numérique se jouera dans les territoires ;
- il faudra faire de gros efforts pour embarquer tout le monde, patients et professionnels de santé, dans cette nouvelle approche numérique.
Au fil des ans, ces intuitions se confirment et nous sommes persuadés que la transformation de notre système de santé et son redressement passent aussi par la capacité à donner envie à tous les acteurs du système de s’approprier les formidables outils que leur offre le numérique en santé.
Ce que nous avons également toujours essayé de faire, comme cette année avec l’Agence de l’innovation en santé et le Dr Lise Alter, est de provoquer un échange très horizontal entre une structure de pilotage nationale et les acteurs d’un territoire.
Pensez-vous que nous en sommes encore loin d’une appropriation par tous les acteurs du système de santé ?
Isabelle Margo : Il y a encore du travail. Mais surtout, il y a un danger qui ne me semble pas écarté, c’est celui de la création d’un nouveau silo dans le système de santé, celui du numérique en santé.
Je m’explique. Nous sommes nombreux à voir dans le numérique en santé le parfait outil pour casser les frontières entre les différents secteurs de notre système de santé. De nombreux experts ont fait depuis longtemps le constat des nuisances que provoquait le manque de fluidité entre les différents univers de la santé : hôpital/ville, recherche/clinique, sanitaire/médico-social, etc.
Or, j’observe une tendance de certains acteurs du numérique en santé à s’inscrire dans la même logique de silo au lieu, au contraire, de casser ce vieux modèle dont on sait qu’il ne nous mène nulle part. L’un des objectifs premiers des acteurs du numérique en santé devrait être d’embarquer tout le monde et pour cela, faciliter l’usage et rendre accessible à tous les nouveaux outils. C’est essentiel pour l’avenir.
Et c’est là l’objectif premier de notre salon-congrès qui veut rapprocher les uns et les autres au profit des patients. C’est pour cela que nous programmons à la fois des séances sur des sujets pointus plutôt adressés aux spécialistes du numérique en santé, et des séances plus pédagogiques et « user-friendly », destinées à acculturer les usagers et les professionnels.
Passer de Nancy à Nantes va-t-il changer les choses ?
Isabelle Margo : Tout d’abord, changer de territoire était inscrit dans les gènes du salon, destiné à se nourrir des différentes approches menées dans les régions françaises au sujet du numérique en santé. Nous avons été très heureux de grandir en Lorraine et à Nancy. Nantes offre un écho système différent et une dynamique très forte autour de la e-santé. Les acteurs y sont nombreux, dynamiques, plein d’initiatives et nous sommes très heureux de contribuer à renforcer leur visibilité mais aussi de les rassembler en un même lieu et, nous l’espérons, créer des synergies. De plus, la région est en lien avec les territoires voisins, en particulier la Bretagne et le Val-de-Loire. Ils vont tous nous apporter et je pense que notre approche, très tournée vers les usages, que ce soit par les patients ou par les professionnels de santé, leur sera bénéfique.
Qui sont les visiteurs du salon ?
Isabelle Margo : Tous les acteurs du système de santé. Des professionnels de santé aux directions et acteurs d’établissements, des patients aux cadres de santé… Bref, tous ceux qui se sentent concernés par la e-santé comme outil d’optimisation des organisations et plus largement, du système de santé. En espérant que de plus en plus de personnes le soient. Car ces enjeux ne sont pas réservés à des spécialistes !