Points de vue

L’oeil de la rédaction - 27 mars 2023

Les Femmes de santé ont une voix !

Veille Acteurs Santé_20230327_ITW Alice de Maximy_Femmes de santé

Le 8 mars dernier, Paola Craveiro, Fondatrice & CEO de Vulvae, startup dédiée aux développement de solutions de parcours de soins pour les personnes souffrant de douleurs vulvaires chroniques, a remporté l’appel à projets annuel lancé par le collectif Femmes de Santé. Son projet s’intègrera dans le cadre du futur Institut Français de la Santé de la Femme. Alice de Maximy, fondatrice du collectif et en pleins préparatifs pour la création de l’Institut, nous donne plus de précisions.

 

Le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, 13 candidates, pré-sélectionnées par un jury, ont pitché leurs projets en faveur de la santé de la femme. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Veille Acteurs Santé_20230327_ITW Alice de Maximy_SiteAlice de Maximy : Le 8 mars, l’événement (1) a réuni près de 250 personnes en visio comme en présentiel dans les locaux de PariSanté Campus. Il a été largement relayé sur les réseaux sociaux et les retours positifs ont été nombreux. À l’issue de la matinée de pitchs, Paola Craveiro, Fondatrice & CEO de Vulvae, a été récompensée par le jury. Vulvae propose, pour rappel, différents services : une application de suivi de sa santé vulvaire, des programmes d’accompagnement thérapeutiques numériques, des formations à destination des professionnels de santé pour favoriser une meilleure prise en charge des patientes ainsi que des outils d’ETP pour en savoir plus sur la vulve, ses pathologies, ses douleurs et les solutions qui existent.

Trois autres femmes de santé ont quant à elles remporté un « prix coup de cœur » : Marianne Lainé, qui a fondé l’Institut Médical Simone Veil, modèle unique en France d’organisation des soignants pour la prise en charge des femmes en demande d’IVG, Raphaëlle Taub, qui porte le projet Matricis.ai, un logiciel d’intelligence artificielle pour aider les radiologues à diagnostiquer l’endométriose et, enfin, Charlotte Berthaut, qui porte le projet Dépist&vous, une plateforme digitale destinée à accompagner chaque personne vers une prévention efficace et un dépistage précoce des cancers.

 

Que gagne, concrètement, la lauréate de l’appel à projets ?

A.M. : Elle bénéficie dès à présent d’une visibilité médiatique dans les revues du groupe 1Health, partenaire du collectif. À cela s’ajoutent un accompagnement au développement commercial par Manuel Biota, associé du Groupe CF Advisory, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants et start-uppeurs en pilotage opérationnel d’entreprise, ainsi qu’un accompagnement en communication, relations presse et prise de parole à la fois par le collectif et par Marie-Christine Lavaux, fondatrice de Garance Conseil.

 

Son projet, comme celui des 12 autres candidates, a vocation à s’intégrer dans un futur « Institut Français Santé de la Femme ». En quoi consiste-t-il ?

A.M. : La création de l’Institut est une idée qui a émergé lors des États Généraux des Femmes de santé que nous avons organisé le 9 décembre dernier. Aujourd’hui, l’Institut existe, en soi, puisque j’en ai déposé le nom à l’INPI. Son  objectif et ses piliers : devenir un acteur de référence en matière de santé de la femme et fédérer/soutenir l’ensemble des acteurs en ce domaine.

L’enjeu : que cet Institut ne devienne pas un énorme « mammouth » ni un énième « pôle de compétences » et qu’il ne mène pas de projets à la place des acteurs et actrices de santé, mais plutôt qu’il participe à la construction d’un véritable parcours de santé de la femme, qu’il coordonne et référence les actions menées en la matière et, enfin, qu’il accompagne, financièrement et logistiquement, des projets à but lucratif comme non lucratif en faveur de la santé des femmes. L’Institut aura également un rôle de promotion de la santé de la femme. Il ne reste, à ce jour, qu’à préciser la forme juridique et le mode de financement de cet Institut.

 

Justement, comment imaginez-vous son financement ?

A.M. : Nous avons recueilli, jusqu’ici, un certain nombre de soutiens, y compris politiques, mais pour que cet Institut soit efficace et pérenne, nous avons besoin de financements. Et ce, à travers, non pas des dons, mais des investissements, pour que les équipes qui travailleront en son sein soient rémunérées – et non bénévoles – et que les projets qu’il soutiendra puissent se développer.

Nous sommes donc actuellement en train de chercher des partenaires financiers qui soient, j’y tiens, éthiques. Je ne cautionnerai pas les potentiels partenaires qui ne s’intéresseraient à l’Institut qu’à des fins d’image, bref, de « women’s health washing ».

 

Quelles sont les autres projets du collectif Femmes de santé ?

A.M. : Nous aurons, début décembre, en principe, la nouvelle édition des États généraux de la santé de la femme ! Le thème de la santé environnementale a été proposé. Nous sommes en train de consulter les membres du collectif, qui compte désormais 2600 membres (dont une cinquantaine d’hommes), pour voir s’ils souhaitent effectivement mettre ce sujet au cœur des débats.

D’ici quelques mois, nous mettrons de nouveau en lumière 13 femmes de santé ayant œuvré en faveur du système de santé. Elles ont déjà été sélectionnées. Elles seront officiellement présentées à l’occasion de SantExpo. Rendez-vous le 24 mai à 12h45 sur le stand de la FHF !

Enfin, nous continuons nos cafés gourmands, tips, podcasts « Les Expertes de la santé »… ainsi que nos activités de formation et de conseil sur l’égalité hommes-femmes, la prévention et la gestion des comportements sexistes et du harcèlement sexuel au travail, le repérage et la gestion des comportements des personnes victimes de violences conjugales et de couple au travail… Nous sommes très fières car nous avons, entre autres, été félicitées par l’AP-HP pour la qualité de notre intervention sur ces sujets ! Nous espérons pouvoir encore étoffer ces offres.

Nous poursuivons également notre rôle d’advocacy. Nos travaux irriguent, aujourd’hui, les travaux des ministères et du Parlement. J’ai personnellement participé à un meeting organisé par Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances et je sais que certaines des membres du collectif ont, elles aussi, relayé nos propositions auprès de ses services, par exemple. Nous avons ainsi participé à l’inclusion du pilier « santé des femmes » dans le plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 (2).

J’ai également été auditionnée au Sénat dans le cadre de l’élaboration du rapport d’information sur la santé des femmes au travail… Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons une voix, une place dans la cité, au sens grec du terme !

 

(1) Sous le haut-marrainage de Madame Isabelle Rome, Ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances ; le parrainage de Monsieur Stanislas Guérini, Ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques ; et le haut-marrainage de Madame Agnès Firmin le Bodo, Ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé 

(2) Ce plan s’articule ainsi autour de quatre grands axes : la lutte contre les violences faites aux femmes ; la santé des femmes ; l’égalité professionnelle et économique ; la culture de l’égalité.

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