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L’oeil de la rédaction - 16 mai 2020

Nicolas Revel, DG de l’Assurance maladie : « Au moment du déconfinement, notre rôle évolue encore »

Dans une interview filmée et diffusée le 14 mai dernier dans le cadre de l’émission de l’Université du change management en médecine, dont nous sommes partenaires, Nicolas Revel, Directeur Général de l’Assurance maladie, est revenu sur le rôle de la Cnam dans la gestion de la crise du Covid-19 et, en particulier, sur celui qu’elle va jouer dans le cadre du déconfinement et du « contact tracing »(à 30’50 d’émission).

 

 

L’Assurance maladie a, dans le cadre de la crise du Covid-19, « beaucoup travaillé jusqu’au déconfinement », pointe Nivolas Revel, son Directeur général. « On a dû inventer, presque toutes les semaines, des choses complètement nouvelles ». En l’occurrence : des arrêts de travail « pour des gens non malades », par exemple pour cause de gardes d’enfants, qui jusqu’ici « n’existaient pas » : « on a rendu cela possible pour des millions de gens ».

Par ailleurs, « dans le champ de la santé, on a aussi pris des choses en charge à 100%, assouplit la télémédecine… » Bref, la Cnam a « créé les conditions permettant aux acteurs de se préparer sur le terrain et de prévoir des organisations qui n’existaient pas avant ».

« Au moment du déconfinement, notre rôle évolue encore, poursuit-il. Nous changeons de stratégie, de modalité tactique par rapport à une lutte contre une épidémie qui appelle toujours la même approche, vieille comme le monde s’agissant d’une épidémie générale :  essayer, le plus vite possible, de dépister et diagnostiquer les malades puis de remonter, le plus vite possible, les chaînes de contamination ».

Un fichier de suivi des malades « Contact Covid »

Tel est l’enjeu du nouveau dispositif mis en place le 13 mai : le dispositif du contact tracing, visant à « remonter les chaines de contamination, à contacter toutes celles et tous ceux qui sont à risque car ayant été en contact (avec une personne Covid+, NDLR) pour que ces personnes puissent être informées et puissent prendre des mesures de protection et de dépistage », complète Nicolas Revel.

L’Assurance maladie sera chargée de contacter toutes les personnes à risque. « Cela doit marcher et je pense que ça va marcher. Il y a des conditions de réussite, mais il y a plutôt eu un consensus professionnel sur le principe et l’organisation. » Les syndicats ? Ils « ont été aux côtés de l’Assurance maladie »,  assure-t-il.

Le dispositif s’appuie « sur trois acteurs essentiels » :

– le patient ;
– le médecin traitant, « porte d’entrée » dans le dispositif ;
– et l’Assurance maladie, « qui va opérer avec les ARS ».

Un dispositif « balisé, connu et plutôt rassurant »

Un « triangle » qui, « depuis toujours, échange des données de santé et partage le secret médical », note le DG de la Cnam. « On est dans quelquechose d’archi-balisé, connu et plutôt rassurant ».

Quid des autres professionnels de santé ? « L’infirmier a, dans ce dispositif, un rôle notamment sur le prélèvement s’agissant des tests virologiques ». Quant aux pharmaciens et aux laboratoires d’analyses, ce « sont des acteurs clé », chargés de délivrer des masques et de réaliser les tests, notamment. « On rendra possible des accès à notre système d’information, qui s’appelle ‘Contact Covid’, bien entendu de manière hyper encadrée ».

À coté de cet « outil central » a été créé le SIDEP, système d’information national de dépistage du Covid-19 alimenté par les laboratoires et « opéré » par le ministère de la Santé et l’AP-HP. « Il doit nous permettre à la fois d’avoir une vision exhaustive, chaque jour, du nombre de tests postifs réalisés en France » et, « à nous, Assurance maladie, de sécuriser notre dispositif », c’est-à-dire de « vérifier qu’aucun patient ayant eu une PCR positive ne soit passé, entre guillemets, entre les mailles du filet« .

Une capacité d’initiative et d’adaptation à tous les échelons

Le DG de l’Assurance maladie a également dressé un premier bilan des deux mois écoulés. « On a su rendre possible les innovations », reconnait-il, saluant « une capacité d’initiative et d’adaptation à toutes les échelles et à tous les échelons du système ». Il complète : « L’hôpital a magnifiquement tenu et s’est adapté à ce pic, qui était celui de cette première vague de l’épidémie. Les médecins, les acteurs du système hospitalier ont su trouver des solutions avec les ARS. De la même manière qu’en ville, il y a eu énormément d’adaptations, d’innovations, qui ont été rendues possibles par une agilité qui était franchement pas habituelle dans notre fonctionnement normal. »

Et de préciser : « les différents acteurs de la chaîne ont su se parler et ont su rendre possible des réponses organisationnelles qui ont été plutôt performantes ».

Il s’est également exprimé sur la question des masques ou encore des téléconsultations, dont le nombre est passé de « 40 000 par mois » à « 1 million par semaine aujourd’hui ».

Revoir les précédentes émissions de l’UC2m

Emission du 7/05 avec le Pr Delfraissy « Sans confinement, nous aurions comptabilisé 120 000 à 150 000 décès en France »
Emission du 30/04 Covid-19 : les libéraux de santé, acteurs clé du déconfinement
Emission du 23/04 L’engagement des jeunes contre le Covid-19
Emission du 16/04 L’hôpital face au Covid-19: maintenant et après?
Emission du 9/04 La réaction de l’Europe vis-à-vis du Covid-19
Emission du 2/04 Covid-19: l’hôpital en attaque et en défense

 

 

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