Points de vue

Tribunes - 17 octobre 2022

Prévention, consultations et inégalités de santé (Focus)

Focus initialement publié sur le site du Laboratoire d’idées Santé Autonomie (LISA), dont nous sommes partenaires.

Si l’on rapproche les annonces du ministre de la Santé et de la Prévention relatives aux « consultations gratuites » à 25, 45 et 65 ans, et le récent rapport de la DREES sur l’état de santé de la population française, le mandat est clair : les initiatives en matière de prévention devraient bénéficier en priorité aux personnes éloignées des soins pour concourir à la réduction des inégalités.

Le rapport de la DREES devrait être lu et approprié par toutes les institutions, tous les acteurs qui participent en quoi que ce soit de l’organisation de notre système de santé. Il est en effet édifiant. Les différences selon le niveau de revenu et de diplôme d’une part, selon la localisation géographique d’autre part, concernent tout à la fois les comportements (tabac, alcool, nutrition, sédentarité), les risques encourus dans la vie professionnelle, les pratiques de dépistage (avec un gradient social très fort sur la mammographie ou le cancer colorectal par exemple), l’accès aux ressources de soins, etc.

Alors quid des « consultations gratuites » dans cette affaire ? Considérons-les comme un marqueur et non comme l’alpha et l’oméga d’une politique de prévention renouvelée.

L’action sur les déterminants de santé environnementaux, sur les facteurs sociaux influençant les comportements individuels et sur l’accès aux services de santé invite bien entendu à mobiliser l’ensemble des politiques et les acteurs territoriaux.

Mais revenons aux consultations.

Il y a d’abord un certain nombre de considérations techniques : durée, cotation, professionnels de santé mobilisés, adossement aux nouvelles organisations des soins (MSP et CPTS notamment…). Autant de sujets qui permettront de juger de la pertinence a priori de ce dispositif et de sa valeur ajoutée par rapport à l’existant. 

Au-delà, des questions se posent quant à la disponibilité et à l’accessibilité des ressources de santé.

Comment aller vers ? Comment obtenir une bonne adhésion des populations les plus éloignées des soins ? Comment éviter de reproduire dans cette affaire les inégalités spatiales existantes ? Comment absorber cette demande nouvelle dans un système en forte tension où la ressource en soins primaires est devenue plus rare ?

On ne manque pas d’expériences pilotes en ces domaines, en France et chez nos partenaires. Il paraîtrait utile de conduire une évaluation sérieuse de ce qui marche et… de ce qui ne marche pas, et de capitaliser les évaluations déjà conduites en la matière, avant de mobiliser des moyens importants dans cette affaire.

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