Etat des lieux, risques, accès aux soins, politiques publiques… Les Contrepoints de la Santé ont exploré, le 27 mars, la santé des jeunes sous tous ses angles. À cette occasion, un sondage Viavoice exclusif sur « Les Français et la santé des jeunes » a été dévoilé. En voici les principaux enseignements.
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Une politique publique jugée insuffisamment investie
Près d’un Français sur deux (49 %) considère que la santé des jeunes est insuffisamment prise en compte par les pouvoirs publics. Seuls 41 % jugent que cette place est suffisante, et seulement 7 % estiment qu’elle est « tout à fait suffisante ».
Ce sentiment est plus marqué chez les jeunes eux-mêmes, premiers concernés et public qui exprime des attentes élevées à l’égard des institutions, ainsi que chez les femmes, plus critiques que les hommes.
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Une perception largement partagée de la dégradation de la santé des jeunes
Une majorité nette (58 %) estime que la santé des jeunes s’est détériorée ces dernières années. Ce constat est partagé par toutes les classes d’âge, traduisant un consensus sur la dégradation de la situation, indépendamment des sensibilités générationnelles.
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Des causes d’aggravation bien identifiées
Deux facteurs dominent nettement aux yeux des Français : la consommation de drogues et d’addictions (50 %), et l’usage excessif des écrans (50 % également). Suivent le manque d’activité physique (30 %) et les conditions sociales et économiques (25 %).
Mais les réponses varient fortement selon l’âge :
- Les Français de plus de 50 ans et plus sont nettement plus nombreux à désigner les addictions (62 %) et l’usage des écrans (53 %) comme des menaces majeures, là où les moins de 35 ans montrent davantage d’indulgence sur ces sujets (37 % et 45 %)
- À l’inverse, les moins de 35 ans pointent davantage les conditions sociales et économiques comme facteur d’aggravation (31 %, contre 21 % chez les 50 ans et plus).
Cette opposition révèle deux lectures différentes : les plus âgés insistent sur les comportements individuels à risque, tandis que les plus jeunes mettent en avant les déterminants structurels et socio-économiques de la santé.
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Des leviers d’action perçus comme prioritaires
Parmi les solutions jugées les plus importantes pour améliorer la santé des jeunes, trois priorités sont identifiées dans l’opinion :
- Limiter l’usage des écrans (37 %)
- Améliorer les conditions sociales et économiques des jeunes (34 %)
- Renforcer la prévention contre les addictions (29 %)
Mais là encore, les priorités varient selon les générations :
- Les plus de 50 ans privilégient largement la limitation des écrans et la prévention des addictions.
- Les moins de 35 ans, en revanche, accordent plus d’importance à l’amélioration des conditions sociales et économiques (39 %, contre 26 % chez les 50 ans et plus).
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Des responsabilités différenciées selon les générations
Les Français considèrent que la santé des jeunes relève avant tout de la sphère familiale : les parents et la famille sont désignés comme acteurs principaux par 69 % des répondants. Ce score atteint 78 % chez les plus de 50 ans, contre 55 % chez les moins de 35 ans.
Les jeunes, quant à eux, répartissent davantage la responsabilité entre différents acteurs : l’école, le système de santé, les jeunes eux-mêmes ou encore l’État sont davantage cités, traduisant une vision plus collective et systémique.
Un socle commun, malgré des sensibilités différentes
Malgré des divergences sur les priorités d’action, un consensus se dessine autour de plusieurs grands axes : renforcer la prévention, faciliter le recours aux soins, développer l’éducation à la santé dès le plus jeune âge. Ces éléments constituent un socle partagé entre générations, même si les sensibilités diffèrent. Les jeunes privilégient une approche structurelle et sociale, tandis que les plus âgés mettent davantage l’accent sur la régulation des comportements individuels.
*Échantillon représentatif de 1 000 personnes – enquête réalisée en ligne du 14 au 18 mars 2025
Consulter les résultats détaillés du sondage et l’ensemble des graphiques
Revoir la vidéo du débat du 27 mars, en présence de trois invités :
- le Pr Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP)
- le Dr Aline Lefebvre, pédo-psychiatre, cheffe du service « Avis spécialisés et Expertises » au CH Fondation Vallée, Maîtresse de conférence des Universités Paris-Saclay
- et le Dr Etienne Pot, Délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement
Les Contrepoints de la Santé sont des petits-déjeuners-débats mensuels co-organisés par les journalistes Pascal Maurel (Ortus), Philippe Leduc (LDC Santé) et Renaud Degas (La Veille des acteurs de la Santé, Presse Infos +).