Points de vue

Les Contrepoints de la Santé - 23 mai 2024

Quelle Europe de la santé pour demain ?  

À quelques semaines des élections au Parlement européen (le 9 juin en France), les Contrepoints de la Santé, dont nous sommes partenaires, ont consacré leur débat du mois d’avril à l’Europe de la santé, en présence de trois invités de choix : Catherine Amalric, députée européenne & pharmacienne hospitalière ; Anne Bucher, ancienne Directrice générale de la Commission européenne pour la santé et l’alimentation, responsable du pôle Europe du think tank Terra Nova et auteure de la récente note « L’Europe de la santé au-delà de l’urgence sanitaire » ; et Gérard Raymond, Président de France Assos santé, qui a publié un manifeste européen et lancé un appel aux candidats. Synthèse des points clés qui sont ressortis lors de ces échanges.

 

Budget. L’UE a voté un budget de 5,3 milliards d’euros pour le programme « EU4Health » (« L’UE pour la santé ») sur la période 2021-2027, soit 10 fois plus que pour l’exercice précédent ; il a toutefois été réduit récemment de 20 % pour faire face en particulier au soutien à l’Ukraine.

Ce programme permet de soutenir la lutte contre la pandémie de Covid-19 en Europe, les activités de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire («HERA»), le Plan européen de lutte contre le cancer (qui, pour rappel, comporte plusieurs volets : prévention, recherche, accès aux médicaments anticancéreux, formation, création d’un réseau européen de centres intégrés de cancérologie…), la Stratégie pharmaceutique pour l’Europe et, plus largement, la politique et les activités de l’UE en lien avec la santé (celles du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies dont les missions ont été renforcées, de l’Agence européenne du médicament, etc…). Bref, des domaines vastes.

Communication. Malgré ses diverses actions en santé, « l’Europe a un déficit de communication et cela commence à devenir un handicap généralisé », a rapporté Anne Bucher. Et d’insister sur l’enjeu de « porter les débats politiques européens dans les lieux politiques français » et, notamment, au Parlement : « les députés français devraient connaître les dossiers qui sont en gestation au niveau européen », quels qu’ils soient (espace européen des données de santé, « paquet pharmaceutique« , pacte vert…).

Institutions européennes. Les travaux européens devraient également être mieux valorisés. D’autant que dans le cadre du pacte vert, par exemple, « il y a vraiment eu un débat écologique, sociétal et économique », a estimé Mme Bucher. De plus, « quand une loi nationale est annoncée, on ne dit pas ce qu’elle a d’européen et ce qu’elle a de purement national… or on devrait le dire ! On s’attribue beaucoup de crédit dans le cadre de certaines lois nationales qui sont en fait des obligations qui ont déjà été négociées très en amont au niveau européen », a-t-elle noté.

Certes, la complexité de l’Union européenne et de ses institutions peut parfois rendre difficile la compréhension de son fonctionnement par les citoyens. Toutefois, sans entrer dans les détails de ce fonctionnement, « il faut expliquer le résultat », les « avancées » et réalisations concrètes de l’Europe bref, les « apports » pour les citoyens, a pointé Gérard Raymond, déplorant un « déficit » en la matière.

Prévention et éducation à la santé. Pour les invités des Contrepoints, l’accent doit également être mis sur la prévention et l’éducation pour sensibiliser les populations aux enjeux de santé et promouvoir des comportements sains. « On confond trop souvent santé et soins », a noté Gérard Raymond, insistant sur l’importance d’amener « la population européenne à préserver sa santé ».

Démocratie sanitaire. La participation des patients et des professionnels de la santé dans les processus décisionnels au niveau européen est par ailleurs essentielle pour assurer une approche inclusive et représentative des besoins de la population. « Une véritable participation et non une simple représentation », a détaillé Gérard Raymond. Et d’ajouter que la « démocratie sanitaire peut vivre aussi à travers l’engagement militant ».

Innovation et recherche. Autre enjeu : améliorer la coordination des politiques de santé entre les États membres de l’UE… et soutenir l’innovation et la recherche pour l’amélioration des soins de santé en Europe. En cela, la création de l’espace européen des données de santé est « une avancée considérable » que « nous avons voté » et que « nous mettrons au service de l’innovation, des résultats, de la performance, de l’efficience mais aussi de l’équité en santé », a notamment souligné Catherine Amalric, vantant un « atout majeur » qui, même aux États-Unis, n’existe pas. Pour les patients, l’utilisation primaire de ses données va lui permettre d’ « être pris en santé de façon beaucoup plus efficiente et ce, quel que soit le pays européen dans lequel il se trouve », par exemple. « L’utilisation secondaire » des données de santé, préalablement anonymisées, constituera quant à elle « une manne exceptionnelle pour la recherche » au « service des patients », s’est-elle réjoui.

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