Points de vue

La Veille sur BFM Business - 1 mars 2020

Sanofi veut créer un leader européen des principes actifs pharmaceutiques

Ce samedi 29 février, Renaud Degas, journaliste et éditeur de La Veille des acteurs de la Santé, et Jérôme Leleu, président d’Interaction Healthcare, se sont penchés sur l’initiative de Sanofi de lancer une entité indépendante de production des principes actifs pharmaceutiques ainsi que sur les opérations en live de l’hôpital de Valenciennes diffusées sur Facebook, dans l’émission BFM Life* présentée par Pauline Tattevin sur BFM Business.

 

 

Sanofi a annoncé, le 24 février, vouloir créer une nouvelle société spécialisée dans la production des principes actifs pharmaceutiques – substance active entrant dans la composition des médicaments – qu’il pourrait décider d’introduire en Bourse d’ici 2022. Elle réunirait des activités commerciales et de développement ainsi que « six des onze usines du groupe », rappelle la journaliste Pauline Tattevin. Son siège serait installé en France.

Une décision stratégique de Sanofi

À l’heure où l’Europe dépend en grande partie de l’Asie pour son approvisionnement, puisque la fabrication des principes actifs se fait à 60 % en Inde et en Chine, il s’agit là d’une « décision maline et stratégique », glisse Renaud Degas. Les labos sont en effet régulièrement pointés du doigt face à la multiplication des pénuries de médicaments sur le Vieux Continent. L’analyse de la conception des produits pharmaceutiques, peu écologique, ne joue pas non plus en leur faveur. « Ils sont également régulièrement accusés de faire de l’argent sans foi ni loi », pointe-t-il.

Dans sa communication, Sanofi rappelle qu’il produit déjà « 50% de ses principes actifs en Europe », constate Renaud Degas. Cette opération serait donc l’occasion pour le groupe d’aller plus loin, tout en mettant « l’intérêt des patients » en avant, note Jérôme Leleu. De fait, Philippe Luscan, vice-président exécutif chargé des affaires industrielles globales au sein du groupe, a expliqué que la création de cette nouvelle entité indépendante « contribuerait à assurer une plus grande stabilité dans l’approvisionnement de médicaments pour des millions de patients en Europe et au-delà ».

Objectif d’être numéro deux mondial

Le « prisme économique » n’est pas à négliger : le géant pharmaceutique français souhaite devenir « numéro deux mondial dans la fabrication des principes actifs » par le chiffre d’affaires, derrière le suisse Lonza, complète le président d’Interactive Healthcare. Le chiffre d’affaires de cette entité devrait s’élever à environ 1 milliard d’euros d’ici à 2022. « Le groupe Sanofi en profite pour identifier une activité qu’il peut externaliser, rendre profitable pour lui-même et ouvrir aux autres laboratoires », enchaîne le directeur de La Veille des acteurs de la Santé. Sanofi conserverait environ 30 % du capital de cette structure.

Enfin, les Experts de la Santé sont revenus sur la diffusion en direct, sur Facebook, depuis le début du mois de janvier, d’opérations chirurgicales simples réalisées au CH de Valenciennes. « C’est le premier hôpital à le faire », rappelle Pauline Tattevin.

Des opérations en vidéo sur Facebook

Jérôme Leleu y voit là un intérêt pédagogique, tant pour les professionnels de santé que pour les patients. Pour ces derniers, la démarche permet « de réduire un peu » le côté « anxiogène » des opérations au bloc, ajoute-t-il. Renaud Degas se montre quant à lui un peu plus critique et y voit plutôt là un « happening en santé ». Le CH de Valenciennes est « comme tous les hôpitaux français » : ces derniers « ont besoin d’attractivité, de faire parler d’eux ». Point positif : ce type de démarche permet de « dépoussiérer » leur image.

Revoir l’émission en replay sur le site de BFM Business

*BFM Life est à voir ou écouter le samedi et le dimanche sur BFM Business.

Ajouter un commentaire