Points de vue

La Veille sur BFM Business - 3 février 2020

Hôpitaux publics : des démissions mises à exécution

L’ultimatum était fixé au 31 janvier. Ils ont mis leur menace à exécution : suivant l’appel de 1 200 praticiens lancé début janvier, une cinquantaine de médecins et de chefs de service du CHU de Rennes ont démissionné de leurs fonctions administratives. Quelques dizaines d’autres leur ont emboîté le pas à Paris, Douai, Caen, Marseille ou encore Brest.

 

 

Dans les jours à venir, d’autres démissions sont à craindre, bien qu’il y ait des « discordances » voire des « scissions » au sein du mouvement, estime Anne Beinier, experte internationale en protection sociale chez Expertise France. De fait, certains prônent plutôt une suspension du codage des actes, lequel conditionne le financement des établissements, pointe-t-elle sur le plateau de l’émission BFM life, diffusée le 1er février sur BFM Business. Elle craint donc « que les tensions soient soit de plus en plus importantes » à l’avenir.

Deux problèmes majeurs

Ces démissions ne portent que sur les fonctions administratives ; cela signifie que les soins restent assurés. Ceci dit, « elles posent deux problèmes », note Renaud Degas, journaliste et directeur de La Veille des acteurs de la Santé. En premier lieu, « un problème de responsabilité médicale » et « d’organisation » dans les services hospitaliers. En second lieu, « un problème de codage » des actes, avec pour conséquence principale le fait que « le budget des établissements n’est plus alimenté ».

Le journaliste perçoit toutefois, désormais, sur le terrain, une « vraie prise de conscience » du « réel malaise des professionnels de santé et des soignants » par les directeurs hospitaliers. À tel point que certains suggèrent d’augmenter les rémunérations dans le secteur public… tout en plafonnant celles du secteur privé car comment retenir des médecins et des soignants quand ceux-ci sont payés deux, trois, quatre voire cinq fois plus dans le privé ?

Faudra-t-il en passer par là pour que le secteur public hospitalier reste attractif ? De fait, il ne fait plus beaucoup rêver. Rien qu’à l’AP-HP, 30 infirmiers sont partis l’an dernier… et le phénomène des départs continue. Avec un vrai risque pour les patients à la clé.

Après ce sujet hospitalier, les Experts de la Santé sont revenus sur le coronavirus, qui a déjà fait plus de 360 morts et 200 morts et a infecté plus de 10 000 personnes dans le monde. Pour rappel, l’OMS a qualifié l’épidémie d’ « urgence de santé publique de portée internationale ».

1 commentaire sur “Hôpitaux publics : des démissions mises à exécution”

  1. Le malaise qui conduit des responsables médicaux engagés et motivés à démissionner, est un signal grave. La question de fond comporte plusieurs volets : l’attractivité des rémunérations et des carrières du secteur public, mais aussi le sens et la valeur des missions, du travail et du service public. A l’heure où la pensée économique, technocratique et libérale met à mal le modèle du service public à la française, on ne peut pas s’étonner de la crise de l’hôpital.

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