Points de vue

La Veille sur BFM Business - 21 octobre 2019

Faut-il contraindre les médecins à s’installer dans les déserts médicaux ?

Cette épineuse question, relancée récemment par Bercy, a été débattue dimanche 20 octobre par Laure Millet, chargée de programme santé de l’Institut Montaigne, et Renaud Degas, directeur de La Veille des acteurs de la Santé, dans Les Experts de la Santé, une séquence de l’émission BFM life sur BFM Business animée par Julien Gagliardi.

 

Le replay de l’émission du 20 octobre est disponible ici, à 16’35

 

Le 11 octobre 2019, la Direction Générale du Trésor a publié une note relative à la lutte contre les déserts médicaux. Ses auteurs estiment que les politiques publiques menées jusqu’ici sur ce sujet n’ont pas porté leurs fruits, qu’il s’agisse des primes aux jeunes médecins ou des avantages fiscaux à l’installation dans les zones sous-dotées. Aussi suggèrent-ils, « sans remettre en cause le principe de liberté d’installation », son « adaptation temporaire à court terme dans certaines zones particulièrement sur-dotées » afin « d’éviter une accumulation de l’offre là où elle est déjà très forte et de tendre à une plus grande adéquation entre densité médicale et première installation ».

« Non à la coercition »

Sur BFM Business, Renaud Degas a rappelé que cette mesure, loin d’être nouvelle, est déjà en vigueur pour d’autres professions de santé comme les infirmiers ou les chirurgiens-dentistes. Selon lui, mieux vaut toutefois veiller à l’« attractivité des territoires », « sérier les solutions spécialité par spécialité » et inciter plutôt qu’imposer.

Laure Millet a quant à elle déploré l’aspect contre-productif des politiques coercitives, exemple de l’Allemagne et de l’Autriche à l’appui. Elle propose de « revaloriser la médecine de ville » et « la délégation de compétences », ou encore de favoriser « la télémédecine et l’intelligence artificielle qui peuvent participer à la recomposition de l’offre de soins dans certaines régions ».

Suite à la diffusion de cette note, la réaction des étudiants en médecine et des jeunes médecins ne s’est d’ailleurs pas faite attendre. « Non, la coercition n’est toujours pas une solution ! », ont ainsi réagi l’ANEMF, l’ISNAR-IMG et REAGIR.

Internat en zone sous-dense

Les autres idées émises par Bercy ne les satisfont pas plus. La DG du Trésor propose en effet, pour aller plus loin, de :

  • flécher des places à l’internat vers des installations dans les zones sous-denses ou ouvrir des places supplémentaires pour les premiers étudiants réorientés au cours du premier cycle, à condition qu’ils s’installent dans l’une de ces zones ;
  • réallouer les places à l’internat dans les spécialités attractives vers les régions ayant des difficultés à attirer les nouveaux internes ;
  • sensibiliser les étudiants en médecine à la médecine générale en zone sous-dense.

 

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