Certains anticipaient un « babyboom » en France, lié aux différents confinements de la population. Finalement, la pandémie aura pas eu cet effet : au contraire, le pays enregistre une baisse de 7% du nombre de naissances entre décembre 2019 et décembre 2020. Une baisse qui s’inscrit d’ailleurs dans le cadre d’une baisse globale de la natalité dans l’Hexagone…
L’impact de la Covid-19 sur les acteurs et le secteur des naissances
C’est là l’un des sujets abordés le 27 avril dernier, à l’occasion d’une émission spéciale de l’Université du change management en médecine (UC2m) sur le thème « Naître au temps de la Covid-19« , dont la Veille Acteurs de Santé était partenaire média.
L’occasion de faire le point plus global sur la naissance et la fécondité dans l’Hexagone, les politiques de la naissance, les prises en charge et parcours de soins dans les territoires, et, enfin, de parler santé publique, prévention, téléconsultation, IVG ou encore, FIV. De fait, une diminution de 30% du nombre de fécondation in vitro a été constatée en 2020 et de nombreuses femmes qui auraient pu débuter une grossesse l’an dernier n’ont pas eu cette possibilité...
En outre, les répercussions de la pandémie ont été fortes sur la formation des professionnels de santé et, notamment, des professionnels de la maïeutique.
Des constats partagés par les experts présents dans l’émission :
- le Dr Emmanuel Bolzinger, gynécologue-obstétricien, membre de la commission de certification des établissements de santé de la Haute Autorité de Santé
- Jean-Loup Durousset, président de Natecia, membre du groupe naissance de la FHP-MCO
- le Dr Jeanne Goupil, cheffe de clinique de maladies infectieuses, CHU Avicenne, AP-HP
- le Pr Israël Nisand, président du Collège National des Gynécologues-Obstétriciens
- et le Dr Etienne Pot, médecin de santé publique, conseiller médical du HCCAM et directeur médical de la Fondation John Bost
Va-t-on assister à un « baby crash » en France ?
Pour affiner les débats, le collectif AlterMater, intégré au sein du think tank UC2m – Université du Change Management en Médecine, a dévoilé, fin avril, un rapport proposant une analyse approfondie de l’impact de la crise de la Covid-19 sur le secteur de la naissance en France. Le rapport est composé :
- d’une note sur « Les effets de Covid-19 sur le secteur et les acteurs de la naissance » (I)
- et de l’étude « Les naissances en France à l’ère de la Covid-19 » (II).
Le collectif AlterMater insiste notamment sur le fait que « la problématique de la diminution de la natalité et de ses effets potentiels sur l’organisation de l’offre de soins en France ne doit pas être éludée ou placée au second plan en cette période de crise sanitaire. Elle est, bien au contraire à inscrire au coeur des préoccupations des pouvoirs publics ».
Multifactorielle, la baisse structurelle du nombre de naissances en France – et en Europe – ouvre la porte à de nombreux questionnements, démographiques, politiques, mais aussi économiques. Elle pourrait également avoir des répercussions sur l’organisation du système de santé (offre de formation des soignants, équilibre économique des maternités, etc.), poursuit le collectif.
Placer la question de la natalité et de l’organisation de l’offre obstétricale au coeur des réflexions et de l’action publique et politique
À un an de la prochaine élection présidentielle, le collectif AlterMater alerte donc sur la nécessité de placer la question de la natalité et de l’organisation de l’offre obstétricale au coeur des réflexions et de l’action publique et politique.
Différentes pistes de travail et de réformes sont ainsi identifiées :
- la mise en œuvre d’une nouvelle politique familiale ambitieuse,
- l’allocation de nouveaux moyens aux maternités,
- la poursuite et élargissement de l’expérimentation des maisons de naissances,
- l’allocation de moyens permettant de poursuivre les recherches scientifiques sur les impacts de la Covid-19 sur les nouveau-nés, les femmes enceintes et les couples souhaitant avoir des enfants,
- le renforcement des réseaux de périnatalité.
Enfin, le collectif AlterMater propose de tirer des enseignements de la crise Covid-19, pour continuer à perfectionner le fonctionnement du secteur de la naissance en France. Il identifie en particulier les propositions suivantes :
- la révision du Plan Blanc,
- la sanctuarisation de la procréation médicalement assistée, même en cas de crise,
- le développement des téléconsultations en complément des consultations physiques
- ou encore, par exemple, la revalorisation des petites maternités.
À noter que l’Insee a, elle aussi, évalué les impacts démographiques, économiques et sociétaux majeurs de la crise Covid-19 en France.