Médecin, journaliste, animateur de “Check-up Santé” sur BFM Business et créateur d’événements, Fabien Guez multiplie les casquettes. Avec L’Amphi, il a voulu créer un nouveau rendez-vous qui fédère les acteurs publics et privés de la santé, au-delà des clivages et des silos. Rencontre avec un homme de conviction autant que de réseaux, passionné par l’idée de décloisonner un monde qu’il fréquente depuis vingt-cinq ans.
Propos recueillis par Renaud Degas, Directeur de La Veille et de l’agence de presse Pi+
Fabien, qu’est-ce qui vous a poussé à créer L’Amphi ?
Fabien Guez : Cela fait plus de vingt-cinq ans que je côtoie le monde de la santé, d’abord comme médecin, puis comme animateur et producteur d’émissions dédiées à ce secteur. J’ai créé Bianca Medica il y a 25 ans pour former les médecins, puis MadMed en 2017, avec déjà cette idée de rassembler. Au fil du temps, j’ai constaté à quel point le monde de la santé restait cloisonné : les professionnels ne se parlent pas, les industriels ne croisent pas les décideurs publics, les politiques ne rencontrent pas les soignants. Or, tout le monde œuvre pour le même système.
Avec L’Amphi, j’ai voulu créer un lieu – à la fois concret et symbolique – où toutes ces sphères se retrouvent pour dialoguer. Un espace transversal qui rassemble les gens qui comptent dans la santé : économiques, politiques, industriels, scientifiques, syndicaux… bref, ceux qui font bouger les lignes.
Comment se distingue L’Amphi des autres événements santé ?
F.G. : Je ne voulais surtout pas créer un congrès de plus, avec des tables rondes interminables et des PowerPoint à rallonge. L’Amphi, c’est avant tout une rencontre. Chaque soirée a un thème – “Santé mentale”, “Sport et santé”, “Femmes et santé”… – mais ce n’est pas le cœur de l’événement. Le cœur, c’est la mise en relation. Les gens viennent pour parler, échanger, se découvrir.
On ne se rend pas toujours compte de la richesse de ces moments : quand le président de la FHP discute avec celui de la FHF, ou que le patron d’un grand hôpital échange avec un industriel, qu’un start upper discute avec le ministre de la Santé, c’est déjà un petit miracle. Et parfois, ça donne des résultats très concrets : des collaborations, des projets, voire des deals ! (sourire)
Vous dites que “les gens doivent se reparler”. C’est votre moteur ?
F.G. : Oui. Je crois profondément à la force du contact humain. Le digital est formidable, mais il ne remplacera jamais le fait de se voir, de se parler, de se comprendre. Dans la santé, chacun connaît très bien son domaine, mais ignore souvent ce qui se passe “de l’autre côté de la barrière”.
Quand on fait se rencontrer un patron d’hôpital public, un directeur d’établissement privé et un entrepreneur de la e-santé, tout le monde y gagne. Même s’ils ne sont pas d’accord, ils sortent enrichis. Ce que j’essaie de créer, c’est un lieu d’influence au sens noble du terme : un espace où les gens s’écoutent et se respectent.
Comment avez-vous choisi les invités de ces premières éditions ?
F.G. : J’ai voulu un équilibre. L’Amphi, ce n’est pas un club fermé, c’est un écosystème ouvert à ceux qui comptent et qui agissent. On y croise des patrons d’agences, des directeurs d’hôpitaux, des chefs d’entreprise, des représentants institutionnels, des chercheurs…
Et puis, je tiens à ce que ce soit aussi un lieu convivial. Par exemple, sur la soirée “Santé et sport”, nous étions au Racing Club de France, sous une tente cristal magnifique. Trois ministres étaient présents, quinze champions olympiques, des dirigeants, des experts : tout le monde parlait le même langage, celui du progrès en santé.
Vous avez déjà quatre éditions à votre actif. Où en est L’Amphi aujourd’hui ?
F.G. : Je suis bluffé, honnêtement. À chaque fois, nous réunissons près de 180 à 200 personnes. Quand je vois la diversité et la qualité des participants, je me dis que quelque chose se passe.
Je n’ai jamais cherché à faire un “événement d’influence” au sens politique, mais simplement à créer du lien. Et ça marche : des gens qui ne se seraient jamais rencontrés se parlent, s’écoutent, collaborent.
Quel est l’objectif de fond de cette démarche ?
F.G. : C’est simple : faire tomber les murs. La santé française est un archipel, et moi j’ai envie d’en faire un continent. Quand les gens se connaissent, ils s’entraident, ils innovent, ils dépassent les rivalités.
Je ne prétends pas “refaire le monde”, mais je crois aux effets cumulés des rencontres. Une soirée, une conversation, une idée… tout peut démarrer là. Et c’est aussi une façon de redonner de l’humain à un secteur qui en manque parfois.
Vous avez mentionné votre émission sur BFM Business, “Check-up Santé”. Quel lien faites-vous entre les deux ?
F.G. : Il n’y a aucun lien formel. Mais, de fait, les deux sont très complémentaires. Check-up Santé est une vitrine : on y met en lumière des initiatives, des entreprises, des talents, et j’en suis très reconnaissant à BFMb. L’Amphi, c’est le prolongement physique, le lieu où ces mondes se rencontrent.
Je tiens à ce que les deux restent indépendants, mais évidemment, il y a une synergie réciproque.
Quels sont les prochains rendez-vous ?
F.G. : Le prochain aura lieu le 8 décembre, autour du thème “Médecine, le futur était déjà là”, et le cancer sera au centre de l’édition de mars prochain. Nous aurons si cela se confirme la présence de Meta Europe et celle d’Apple.
L’an prochain, je veux continuer sur ce rythme trimestriel, avec peut-être des formats plus intimes : des petits déjeuners, des afterworks de 20 personnes autour d’un invité clé. Le but reste le même : favoriser la rencontre, la discussion et la confiance.
En un mot, que voulez-vous que L’Amphi devienne ?
F.G. : Un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui font la santé en France. Pas un think tank, pas un salon, mais un lieu d’échanges vivants, où les idées circulent et où les gens ont plaisir à se retrouver.
Et surtout, un endroit où l’on ressort avec le sentiment d’avoir appris quelque chose, rencontré quelqu’un, ou simplement partagé un bon moment. C’est ça, L’Amphi : un concentré d’énergie, d’ouverture et d’humain.