Enjeux & décryptages

Tribunes - 26 septembre 2025

L’eau : notre avenir commun. Pour une stratégie nationale de sobriété hydrique

 

Ce mois de septembre aura permis de mettre en lumière, sur la Veille Acteurs de santé, une évidence trop souvent ignorée : face au risque de pénurie, une meilleure gestion de l’eau est essentielle. Voici quelques solutions complémentaires pour y parvenir, y compris dans le secteur de la santé.

Par Olivier Toma – expert RSE et santé environnementale

 

Concrètement, l’eau doit devenir un indicateur stratégique, au même titre que le CO₂. Il faut désormais mesurer son empreinte hydrique, organisation par organisation, territoire par territoire. Il faut aussi bâtir un plan de transition qui articule réduction des consommations directes, optimisation de l’eau utilisée dans les chaînes de production des biens et services, meilleure gestion des rejets.

De nombreuses technologies sont déjà disponibles : systèmes de recyclage des eaux grises, détection des fuites, stations de traitement décentralisées, solutions sans eau pour certaines désinfections, etc. Des dispositifs de financement existent également, portés par les Agences de l’eau, les Régions, l’Europe.

Et si, pour aller plus loin, on intégrait systématiquement l’eau dans nos appels d’offres, pour des achats plus responsables ?

 

Un “Score Hydrique”, à l’image du Nutri-Score ?

Aujourd’hui, la majorité des appels d’offres en France prennent en compte la consommation énergétique, les matériaux recyclés ou les emballages, mais très peu considèrent l’eau comme un critère décisif. Or, il serait possible — et efficace — de transformer les politiques d’achat en levier majeur de réduction de notre dépendance à l’eau.

Intégrer trois indicateurs liés à l’eau dans chaque cahier des charges permettrait une évolution rapide et mesurable :

  1. L’eau consommée directement par le produit ou service (plonge, lave-bassins, autoclaves, douches, piscines, etc.) avec exigence de sous-compteurs ou d’indicateurs clairs.
  2. L’eau consommée indirectement, liée à la fabrication, au transport, à la maintenance. Par exemple, le choix d’un fabricant de mobilier médical ou de textiles hospitaliers moins gourmands en eau.
  3. Ce que l’on rejette dans l’eau : effluents chimiques, résidus médicamenteux, microplastiques, perturbateurs endocriniens… Il est urgent de considérer ces rejets comme des critères de sélection.

Ces critères pourraient être intégrés comme un “Score Hydrique”, à l’image des écoscores environnementaux ou du Nutri-Score. Une notation simple, lisible, transparente.

Si chaque hôpital, collectivité, entreprise publique ou privée appliquait ce type de critère, nous pourrions réduire significativement l’empreinte hydrique de notre pays en moins de 10 ans, tout en stimulant l’innovation chez les fournisseurs.

Une nécessité, alors qu’en France comme ailleurs en Europe, les pénuries ponctuelles se multiplient.

Il ne manque qu’une volonté politique forte, une mobilisation collective et une alliance entre acteurs publics, privés et associatifs.

Car l’enjeu n’est pas seulement écologique. Il est économiquesanitairesocial… et même géopolitique.

Préserver l’eau, c’est préserver la paix.

 

 



Re(lire) nos interviews et tribunes parues en septembre sur le thème de l’eau :

 

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