Enjeux & décryptages

Tribunes - 12 septembre 2025

Mesurer pour préserver : ce que révèle l’empreinte hydrique

 

L’eau est une ressource vitale, mais paradoxalement, nous ne savons presque rien de la quantité que nous consommons réellement. La question n’est plus seulement de « consommer moins » mais de comprendre où, quand et comment nous consommons. C’est tout l’enjeu de l’empreinte hydrique, un outil que l’agence Primum non nocere a conçu, expérimenté et qu’elle va faire évoluer avec les acteurs les plus exposés à ces enjeux. Explications.

 

L’empreinte hydrique permet de quantifier l’eau visible (celle que nous utilisons au quotidien : hygiène, hygiène des locaux, stérilisation, alimentation…), mais aussi l’eau invisible, appelée eau virtuelle ou indirecte, utilisée dans les chaînes de production des biens et services. Une blouse à usage unique, par exemple, mobilise jusqu’à 2 700 litres d’eau. Une seringue, à près de 80 litres. Un médicament, plusieurs milliers.

Mais mesurer, ce n’est pas uniquement comptabiliser. C’est aussi faire émerger des leviers d’action concrets : réduction des consommations directes, choix de fournisseurs moins gourmands en eau, optimisation des cycles de nettoyage, récupération et traitement des eaux grises, etc.

Dans un contexte de raréfaction, la capacité à démontrer une trajectoire de réduction mesurée deviendra un critère différenciant fort dans les politiques publiques, les appels d’offres et la relation de confiance avec les usagers, les patients et les citoyens.

 

L’exemple du CH de Cannes

Le Centre Hospitalier Simone Veil de Cannes, qui est engagé depuis 2009 dans une politique active de développement durable et souhaitait évaluer et optimiser sa consommation d’eau, est l’un des premiers établissements de santé à mesurer son empreinte hydrique complète : directe, indirecte et qualitative. « Cette démarche, pilotée avec l’agence Primum Non Nocere et soutenue par l’ANFH Paca, marque une avancée majeure : intégrer l’eau parmi les indicateurs stratégiques de responsabilité sociétale, au même titre que le CO₂ », évoque l’établissement.

L’analyse révèle que la consommation directe (robinets, machines, stérilisation) ne représente que 0,01 % de l’empreinte totale de l’hôpital. Le reste provient de l’« eau invisible » : médicaments, textiles, alimentation, équipements médicaux, informatique…

« Les effluents médicamenteux constituent aussi une menace silencieuse pour la qualité de l’eau, avec moins de 10 % actuellement traités », poursuit le CH de Cannes.

Le Centre hospitalier a ainsi identifié des pistes concrètes : réduction des consommations de coton, adaptation des menus (moins de viande), sous-compteurs pour détecter les fuites, achats responsables intégrant l’eau virtuelle et traitement des effluents complexes.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions menées par la Ville de Cannes et l’Agglomération Cannes Lérins en matière de gestion durable de l’eau. L’objectif fixé est ambitieux : réduire de 20 à 30 % l’empreinte hydrique d’ici 2030, grâce à des solutions déjà disponibles et soutenables financièrement.

 

 

 

Ajouter un commentaire