Les interventions non médicamenteuses (INM) connaissent un essor sans précédent, passant de simples curiosités à des pratiques définies et officiellement reconnues qui suscitent désormais l’intérêt des institutions de santé et des décideurs français, européens et internationaux. C’est ce que nous pourrons constater lors du NPIS Summit des 15 et 16 octobre prochains à la Cité internationale universitaire de Paris.
Pour La Veille Acteurs de santé, Grégory Ninot, président de la NPIS, explique comment les preuves scientifiques, l’efficacité clinique et l’impact économique permettent aux INM de se présenter désormais comme un levier stratégique pour transformer les systèmes de soins, renforcer la pertinence des traitements, valoriser la prévention et inscrire la santé dans une logique durable et centrée sur le patient.
Propos recueillis par Renaud Degas avec Maellie Vezien
Qu’est-ce qui a changé depuis le congrès de 2024 ?
Grégory Ninot : Alors que l’édition 2024 du NPIS Summit avait surtout suscité la curiosité, l’édition 2025 montre un tournant décisif associé à une reconnaissance officielle. Pierre Cochat, président de la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé, Maëlig Le Bayon, le Directeur de la CNSA, Marguerite Cazeneuve, Directrice déléguée de l’Assurance Maladie (CNAM), ainsi que des responsables d’agences nationales de recherche et d’innovation et de l’OMS Europe seront présents. Yannick Neuder, alors ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins avait également confirmé sa présence… Ce sont désormais les institutions elles-mêmes qui souhaitent s’impliquer, montrant que le discours que nous avons tenu et les travaux scientifiques de consensus ont été bien entendus et compris.
L’intérêt croissant des autorités repose sur deux leviers:
- d’une part, la nécessité de lutter contre les dérives sectaires et les “médecines alternatives” non validées, en s’appuyant sur un cadre scientifique solide;
- d’autre part, l’opportunité de qualifier, tracer et sécuriser des pratiques à travers un référentiel numérique partagé dont la pertinence clinique et économique est aujourd’hui documentée.
Le changement s’inscrit par ailleurs dans une stratégie globale : initiée par une impulsion francophone affirmée, soutenue par l’Inserm et fondée sur des valeurs humanistes ainsi que sur des pratiques qualifiées, la démarche prend aujourd’hui une ampleur européenne et internationale. Vingt et un pays participeront au congrès, des réseaux de recherche tels que F.CRIN, ECRIN, IBTN et ERA4Health se mobilisent. Et l’OMS manifeste un intérêt croissant.
« L’intérêt croissant des autorités repose sur deux leviers : d’une part, la nécessité de lutter contre les dérives sectaires et les “médecines alternatives” non validées ; d’autre part, l’opportunité de qualifier, tracer et sécuriser des pratiques à travers un référentiel numérique partagé dont la pertinence clinique et économique est aujourd’hui documentée. »
En quoi les INM répondent-elles aux défis du système de santé ?
G.N. : La reconnaissance des INM s’inscrit dans une conjoncture particulièrement favorable : consolidation des preuves scientifiques, extension des compétences de plusieurs professions de santé, lutte contre les déserts médicaux, virage préventif, développement de la médecine de précision.
Dans ce contexte, les INM apparaissent comme des solutions concrètes, offrant des protocoles validés et sécurisés, portés par des professionnels de terrain tels que les kinésithérapeutes, les infirmiers, les diététiciens ou les ergothérapeutes. Leur mise en œuvre contribue directement à réduire les hospitalisations et réhospitalisations évitables, avec un impact mesurable sur la qualité des parcours de soins et la maîtrise des dépenses.
Cette intégration répond à un objectif central des politiques de santé actuelles : renforcer la pertinence des soins, c’est-à-dire garantir le bon euro, au bon soin, pour le bon patient et au bon moment.
Les INM contribuent à cet impératif en permettant d’éviter des prescriptions inadaptées, des sur-examens, des hospitalisations coûteuses ou des interventions tardives. Elles offrent aux soignants un levier supplémentaire pour adapter la réponse thérapeutique à la réalité clinique, sociale et économique de chaque patient. En redonnant une marge de décision aux équipes locales, les INM participent à la construction de parcours plus souples, mieux ajustés aux besoins réels et davantage centrés sur le patient.
« À la croisée des enjeux cliniques, économiques et écologiques, les INM apparaissent ainsi comme un levier majeur de transformation des systèmes de soins. »
Comment inscrire les INM dans les politiques publiques ?
G.N. : L’enjeu des prochains mois est clair : consolider le référentiel de bonnes pratiques des INM, sécuriser la prescription des INM et articuler leur place dans les parcours de soins et les systèmes numériques de santé. Il ne s’agit pas de les envisager comme une alternative, mais comme une composante à part entière de l’arsenal thérapeutique et préventif.
Au-delà de l’efficacité clinique, l’impact économique est désormais bien identifié. Face à l’augmentation continue du coût des traitements biomédicaux, à la pénurie récurrente de certaines molécules et à l’explosion des dépenses hospitalières, les INM constituent une option complémentaire crédible et soutenable.
Elles s’inscrivent également dans une logique de rationalisation : face aux dérives liées au remboursement de pratiques non validées, les mutuelles identifient dans la traçabilité et la sécurisation des INM une opportunité pour améliorer l’efficience de leurs prises en charge et une meilleure reconnaissance de leur démarche rationnelle en faveur de la prévention.
Enfin, leur faible empreinte carbone représente un atout supplémentaire, dans un contexte où la soutenabilité environnementale des politiques de santé devient une préoccupation croissante. À la croisée des enjeux cliniques, économiques et écologiques, les INM apparaissent ainsi comme un levier majeur de transformation des systèmes de soins.
- Information et inscription au NPIS Summit 2025 du 15 et 16 octobre 2025 sur https://npisummit.org/